Le 10 Novembre 2018, par Etienne Deketele-Kestens
Vous le saviez sûrement déjà, mais, sous les capots de vos voitures, il y a un moteur ! Ce moteur peut être d'une architecture comme une autre, et cette architecture dépend de la position des cylindres. Qu'elle soit en ligne, en V, en W ou à plat, chacune d'entre elle a des avantages, mais aussi des inconvénients. Aujourd'hui, focus sur le moteur boxer, l'un des plus rares !
Que ce soit des monocylindres de tondeuses à gazons, ou des W16, en passant par des 4 en ligne, le monde de la motorisation est très vaste. Évidemment, plus on a de cylindres, moins il est facile de les disposer. C'est pour cela que ces différentes architectures existent. C'est en lisant le titre que vous avez pu vous apercevoir que nous allions aborder le sujet des moteurs Flat, ou à plat. Sinon, en anglais, il est appelé Boxer parce que, en prenant l'exemple d'un 4 cylindres, lorsqu'on le regarde sur le côté, les 2 cylindres, l'un se rapprochant et l'autre s'en allant, nous font penser à un boxeur en train de faire bouger ses poings d'avant en arrière, dans un mouvement de vas et viens... Drôle de connotation...
Elle remonte il y a plus de 100 ans ! Pour la petite histoire, le premier moteur à combustion a été inventé en 1856. Ce n'est que 40 ans plus tard que le premier moteur à cylindres à plat a été créé. Cette création, on la doit à l'Allemand Carl Benz. Son nom de famille vous est sûrement familier, et vous ne vous trompez pas : il est le fondateur de la marque automobile Mercedes-Benz. Et, vous le savez peut-être, la marque à l'étoile ne propose aucun moteur Flat dans sa gamme, malheureusement. Et puis, quitte à rester chez les allemands, ce type d'architecture a été repris par un certain Ferdinand Porsche. Et là, cela doit vous ramener à quelque chose ! Mais on y reviendra plus tard... Et, dans la foulée de la fin du XIXè siècle, au moment du lancement du premier moteur à plat de Benz, plusieurs brevets, aux quatre coins du monde, ont été déposé pour le même type d'architecture, mais avec un nom différent. Nous pouvons citer Peugeot, avec son moteur horizontal, mais aussi Ford (2 cylindres en ligne horizontal), ou enfin De Dion-Bouton (une marque automobile et motoriste éteinte au début du XXè siècle).
Le moteur à cylindres à plat a vécu 10 années avant de connaître celui qui les détrônera tous : le 4 cylindres en ligne. Lui, ça fait 118 ans qu'on le connait (depuis 1900 donc), et il détient la palme du moteur le plus propagé en automobile depuis 30 ans ! Mais, avant toute la technologie qu'a amené ces larges blocs, le moteur à plat a vécu de belles années. Voyons cela de plus près...
Le premier constructeur automobile ayant utilisé un moteur Flat dans une de ses voitures est FRANÇAIS ! Cocorico, chers amis. En plus, vous la connaissez tous : la fameuse Citroën 2CV ! Depuis 1930, et ce pendant plus de 40 ans, un bicylindre à plat a été imaginé puis poussé sous le nez tout mignon de ces voitures mythiques, d'où le bruit étrange (mais tellement agréable) du moteur ! Vous vous êtes peut-être déjà posé la question (ou pas), mais c'est donc pour ça que le moteur d'une deuche est si bas ! A l'époque, il fallait un moteur fiable, robuste et pas cher. C'est donc vers un twin flat qu'André Citroën s'est tourné, et, jusqu'à preuve du contraire, les 2CV ont vraiment bien tenu le coup. Pas sûr que les PureTech tiennent jusqu'à 2050, au moins ! A noter que c'était déjà un moteur 4 temps, avec une cylindrée allant de 325 cm³ à 652 cm³ (selon l'année de fabrication), soit de 8 à 35 chevaux ! Comme quoi, on se contentait de peu ! Enfin, dernière petite anecdote (lire : 30 anecdotes sur la Citroën 2CV) : le nom "2 CV" est en fait l'équivalent des chevaux fiscaux. Au début, il y avait 2 chevaux fiscaux. Mais, même avec le passage à 602 cm³ qui fera grimper les chevaux fiscaux à 3, la deuche aura gardé son nom !
Enfin, vous le connaissez sûrement, c'est une Volkswagen qui a germanisé le moteur à plat. Vous la connaissez sûrement aussi, elle a joué un rôle dans un film culte, PDLV a l'honneur de vous annoncer que c'est la VW 1200 qui a eu cet honneur. Ce nom ne vous dit rien ? D'accord, on va l'appeler Coccinelle en France, ou même Beetle dans les pays anglo-saxons ! Cette voiture du peuple a été pensée et conçue par Ferdinand Porsche, écoulée à plus de 20 millions d'exemplaires. Le 4 cylindres à plat est abrité dans le coffre, avec une cylindrée allant de moins d'un litre à 1584 cm³. La Cox a vécu longtemps, mais son 1.6 était déjà reconnu comme moteur dépassé à l'époque, la voiture n'étant déjà pas des plus avancées (au niveau confort, boite de vitesse, ...). Et, donc, la première était la VW 1200 car la cylindrée de son flat four avoisinait les 1200 cm³ !
On reste encore chez nos voisins germaniques, on reste dans le même groupe, mais on change de marque. Enfin, nous parlons du groupe VAG, mais, en 1939, Porsche ne faisait pas partie de celui-ci ! On retrouve donc ce grand Monsieur Ferdinand Porsche qui, avec l'aide de son fils, a décidé d'élaborer une marque sportive. Cette dernière portera donc son nom, Porsche. En effet, Volkswagen voulant dire "Voiture (Wagen) du Peuple (Volk), le désir, à l'époque, d'Adolf Hitler était que chaque allemand (possédant le permis hein...) puisse avoir une voiture. Ferdinand Porsche a donc proposé de créer la 1200, comme décrite au-dessus. Mais, ici, il est question de performances ! Et, en tant qu'amoureux de l'architecture des cylindres à plat, les très connus Flat-Four et Flat-Six Porsche sont nés ! C'est et cela restera une légende, ils sont de toutes façons toujours produits à l'heure actuelle, alors que la marque confirme le retour du Flat Six sur les Cayman et Boxster. Enfin, Porsche a aussi créé Flat-12 et Flat-16 pour des modèles de compétition. La puissance maximale de leur moteur se portait à 630 chevaux, et même 880 chevaux pour l'essai du Flat-16, ce qui, dans les années 60-70, était juste énorme !
Et, pour terminer, et pour changer un peu de pays, Ferrari s'est aussi mis à faire des moteurs à plat. Avant de passer à une architecture en V, dont ils nous gratifient toujours à l'heure actuelle, la marque au cheval cabré motorisait certains de ses modèles par des moteurs Boxer 12 cylindres. Nous pouvons donc compter sur la Ferrari 312 T (V12 à 180° (à plat donc...) 3 litres de 500 chevaux), mais encore sur la Berlinetta Boxer (jusqu'à 440 chevaux), et d'autres. Comme quoi, une vieille architecture pouvait être signe de véritable prouesses de puissances. Parce que, oui, le Boxer, ça a beaucoup d'avantages sportifs. A voir plus bas...
En plus de Porsche, ce sont les japonais qui en font une affaire personnelle. Prenons d'abord la marque qui est reconnue internationalement pour l'usage de ce type de moteur, j'ai nommé Subaru. Nous la connaissons aussi pour son passage au Rallye, avec la fameuse Impreza. Cette berline, commercialisée depuis 1992, jusqu'en 2018 (R.I.P.) à cause des normes Euro 6.2, a toujours utilisé des moteurs boxer. Allant jusqu'à une cylindrée de 2,5 litres, la plus puissante étant la Impreza II, dans sa version WRX STi Petter Solberg Edition, développant la bagatelle de 320 chevaux dans sa variante de 2 litres turbocompressé. Depuis 2014, le nom "Impreza" disparaît pour devenir simplement WRX STi, en devenant uniquement à vocation sportive. Elle quittera le catalogue en 2018, incapable de se mettre aux normes 6.2, avec la promesse de revenir dès 2020 avec une déclinaison hybride.
Sinon, les cousines Subaru BRX/Toyota GT86 proposaient, comme unique moteur, un 2 litres Boxer 4 cylindres monté à 200 chevaux. Il est vrai que c'est une centaine de bourrins en moins que dans une Impreza, mais c'est aussi un moteur atmosphérique ! Il est sûr qu'elle ne concurrence pas la Supra sur le terme de la puissance, mais la GT86 a de très nombreuses qualités. Sont-elles dues exclusivement au moteur Boxer ? Pas spécialement, c'est une propulsion après tout !
Comme le dirait un vendeur honnête, une voiture, c'est un compromis. Choisissez entre le cœur et la raison. Tout est une question de dilemme : vous voulez prendre une essence pour les performances, mais votre porte-feuille vous rappelle qu'un diesel consommera toujours moins. Alors, qu'est ce qui nous ferait pencher pour un Boxer, et qu'est ce qui nous en éloignerait ?
J'achète !
Je n'achète pas !
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De la Smart à la Bentayga, je peux dire que je suis complètement obsédé par le monde de l'automobile. Intégrer l'équipe de PDLV et pouvoir vous donner ma vision des nouveautés chaque jour est quelque chose de génial pour moi. Ma "carrière" de blogueur a débuté il y a quelques années, et ceci, cumulé à mes études en mécanique auto, me permettront de vous proposer un contenu de qualité, tout en gardant le côté décalé cher à PDLV. |
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Etienne Deketele-Kestens |