AG30 • Renault Clio 2 V6 '00

En 1998, Renault prend le pari d'offrir une descendance aux légendaires Renault 5 Turbo et Turbo 2. C'est la Clio 2 qui assure cette descendance en adoptant un moteur V6 en position arrière. La citadine prend du volume et s'offre des performances de haut vol. Mais que vaut-elle vraiment ? Ne vaut-il mieux pas lui préférer le modèle restylé de 2003 ?

Fiche technique

Un peu d'histoire. En matière de sport auto, Renault n'est jamais restée sur la touche. Les Renault 5 Turbo et Turbo 2 en sont le meilleur exemple. D'une "simple" citadine, la firme au losange est parvenue à proposer un modèle radical, tant d'un point esthétique qu'au niveau des performances. Mais le phénomène s'estompe progressivement. Renault a bien offert une rivale à la hauteur des Lotus Elise en l'occurence le redoutable Spider dans les années '90. Mais il n'y a pas eu de suite malgré des ventes correctes. C'est en 1998 qu'est présentée au Mondial de l'Automobile de Paris celle qui accaparera les unes des magazines autos. Elle, c'est la Clio V6. Un improbable concentré de muscle. Le public est choqué dans le bon sens du terme. Serait-ce enfin une descendante de la R5 Turb ? Passera-t-elle le chemin de la production ? Célébrant les 100 ans de Renault, la Clio V6 aboutit finalement sur un modèle en série. Il faut dire que le pari est osé et que sur le papier, le V6 semble être bien agréable... Les acheteurs n'attendent pas pour passer commande. Les plus rapides reçoivent leur exemplaire dès l'année 2000.

Explosive. Il faut dire que la récente Clio V6 a de quoi interpeller. On perçoit les lignes générales de la Clio 2 alors très récente mais avec de nombreuses modifications. La moins perceptible, c'est certainement le chassis et son empattement rallongé de 38 centimètres pour loger le généreux V6. En revanche, on repère rapidement les hanches très larges de cette Clio pas comme les autres et ses roues repoussées dans les quatre coins. Au final, on conclue que les gènes et les traits caractéristiques de la R5 Turbo sont bien là ! Parce qu'en matière de modèle sportif, Renault n'y a pas été avec le dos de la cuillère. La carrosserie est constituée d'un habillage composite léger et n'emprunte que quelques pièces à la Clio RS à moteur 2.0 litres, dont les phares, les feux, le capot et le hayon. Tout le reste a demandé un traitement spécifique. La Clio V6, ce n'est pas que de la gueule.

Le cockpit. Pour parvenir à ses fins, Renault n'a pas renié sur le plaisir de conduite... Et le confort ! C'est ainsi que l'on retrouve un intérieur simple, très simple même. L'impression d'être au volant d'une sportive à moteur V6 s'est totalement estompée puisque cet habitacle pourrait très bien être celui d'une Clio 1.2 16V. La planche de bord dispose d'un revêtement peu flatteur. Les rares particularités s'observent aux inserts en aluminium sur la planche de bord, au levier de vitesse dont la boule est également en aluminium. Le plus flagrant s'obtient en tournant la clé de contact... Le moteur n'est pas devant, mais derrière ! Et le ronronnement n'a rien de cleui d'un 4-cylindres ! Nous sommes bien à bord de la version V6. Le coffre est donc franchement restreint avec un rangement de 45 litres avec filet derrière les sièges et 67 litres sous le capot avant. Pour faire les courses, on repassera car même une Porsche 911 dispose d'un coffre plus volumineux.

Les entrailles. C'est à l'arrière de la Clio que nous faisons connaissance avec son V6. Un moteur pas étranger puisqu'il est le descendant direct du célèbre V6 PRV, développé par Peugeot, Renault et Volvo et que l'on retrouve notamment sous le capot de la DeLorean. Le nouveau bloc est développé exclusivement par le groupe PSA et Renault, il offre 24 soupapes et gagne progressivement des chevaux. Pour la Clio V6, le rampe d'injection est dédoublée et les injecteurs gagnent du volume permettant d'atteindre 230 chevaux. Une puissance colossale qui déçoit néanmoins un petit peu. Bien que la sonorité soit très sympathique, les relances à haut régime sont mollassonnes tandis que la boîte de vitesse à 6 rapports développée sur l'Avantime n'est pas adaptée à un modèle sportif, en particulier sur les derniers rapports. Pour le circuit, c'est compliqué. Et pour la ville, c'est encore pire, son diamètre de braquage est digne d'un autobus.

Puissante. La Clio V6 phase 1 bénéficie de jantes en alliage léger signée OZ en 17 pouces avec des gommes de 235 millimètres de large à l'arrière. Grâce aux trains avant et arrière spécifiques, elle bénéficie d'une tenue de route et de performances honorables, effectuant le 0 à 100 km/h en 6,4 secondes. Les aides à la conduite sont bien là, mais ne dispensent pas le pilote d'une attention constante tant les réactions du modèle peuvent être imprévisibles. Le train arrière a tendance à décrocher et à surprendre malgré un freinage très puissant, grâce aux quatre grands freins à disque. La conduite de cette Clio gonflée à la testostérone est certes incroyable mais le doigté nécessaire au domptage ne tolère pas l'erreur, mieux vaut rester prudent.

La Clio V6 fait des petits. Fabriquée à Dieppe, dans les mêmes chaînes que les Alpine, la Clio V6 a fait l'objet d'un traitement spécial avec de nombreux composants apposés à la main. Ses défauts ont contribué à son charme, faisant d'elle une brute à quatre roues mais n'ont pas empêché les ingénieurs de Renault Sport de profiter du restylage de la Clio 2 pour développer une seconde Clio V6, la phase 2 dès 2003. Cette dernière corrige bon nombre de failles et affiche même 255 chevaux, soit un gain de 25 canassons. Mais la phase 1 n'est pas à négliger pour autant. Les 1 630 exemplaires, ainsi que les 85 engagés en compétition, sont difficiles à dénicher en bon état. Plusieurs ont été accidentés avec pour cause récurrente un excès d'optimisme, d'autres encore n'ont pas eu l'entretien adéquat et une dernière poignée a fait l'objet de tuning. Notons que l'exemplaire ici photographié a reçu les feux de la phase 2, identifiables à la présence du clignotant à bulbe transparent.

Véhicule passion. Rapidement imposée comme véhicule passion, la Clio V6 s'est constituée des clubs d'adeptes qui apprécie sa brutalité, sa puissance mais aussi sa ligne inédite de citadine musclée qu'on ne verra que rarement dans les villes. Mais s'il y a un point qui divise, c'est bien celui de la fiabilité et du coût de l'entretien. Le V6 peut se montrer capricieux et il arrive fréquemment qu'il faille remplacer certains organes ayant surchauffés. De même, les réglages d'amortisseurs et ceux des trains roulants doivent être parfaits pour profiter d'une bonne tenue de route. Le cas échéant, le risque de se retrouver dans la rubrique des faits divers est plutôt fort. La consommation également n'est pas des plus raisonnables avec une moyenne de 11 litres. Mais de toute manière, qu'y a-t-il de véritablement raisonnable dans une Clio à moteur V6 ?

Faut-il acheter une Renault Clio 2 V6 ?

Sur le marché de l'occasion, les Renault Clio 2 V6 phase 1 sont assez rares et leur cote augmente régulièrement. Actuellement, 25 000 € est un budget correct pour dénicher un exemplaire en bon état, pas trop kilométré et suivi par Renault. Une phase 2 demande une allonge de 5 à 10 000 €, ce qui reste conséquent. Quel que soit votre choix, phase 1 ou phase 2, veillez à prévoir suffisamment large niveau entretien et consommation car les coûts n'ont rien à voir avec ceux d'une "banale" Renault Clio à quatre cylindres !
 

Référence article : AG30 • Version 3.1