Le 30 Mars 2015, par Thomas DROUART
Symbole de l'élégance à l'anglaise, la Type E n'en finit plus de faire parler d'elle. Encore aujourd'hui, cette Jaguar fait toujours autant tourner les têtes. Tirée à plus de 70 000 exemplaires, nous verrons ici la première des trois séries, que l'on reconnaît à ses phares carénés. Mais cinquante après, que reste-t-il à la Jaguar Type E série 1 ?
Modèle | |
Moteur | 3.8 6 cylindres en ligne 265 chevaux |
Dimensions | 4,40 x 1,65 x 1,27 mètre |
Masse | 1 229 kg |
Commercialisation | 1961 - 1963 |
Côte moyenne | 70 000 € |
0 à 100 km/h | 7"5 |
Vitesse max | 229 km/h |
Consommation | 15 l/100 km |
Date et lieu | 7 juillet 2013, Le Mans |
Pour succéder à sa gamme XK dont la dernière 150 a su charmer près de 10 000 passionnés, la Type E s'est fixé pour but de faire perdurer le mythe en faisant évoluer son modèle phare. C'est en 1961 qu'est présentée cette nouvelle production au salon de Genève. Les réactions ne se font pas attendre, l'accueil est enthousiaste. Affichée à un prix trois fois inférieur à celui d'une Ferrari, elle attire un public assez large, désireux d'une voiture à la carrosserie aguicheuse, au luxe omniprésent et à l'image forte. Et sur ces trois points, la Type E ne manque pas de répondant. La première mouture se reconnaît, comme le modèle que nous avons pu photographier à ses phares avec bulbe en verre. Produite jusqu'en 1967, elle connaîtra deux évolutions successives que nous détaillerons plus loin dans l'article. Nous avons ici affaire à la première avec une carrosserie cabriolet assez inédite.
Alors que les XK 150 commençaient à accuser le poids des ans, à coup de déjà-vues, la Type E fait sensation séduit par sa fraicheur et par son époustouflante ligne qui n'amasse - presque - que des superlatifs. Parlons du plumage. Et plus particulièrement de cette version cabriolet dont on attribue la ligne à Malcolm Sayer, aérodynamicien dans le domaine de l'aviation. Il parvient à dessiner une ligne à la fois intemporelle et majestueuse, sans fioriture et d'une grâce jusque là rarement exploitée. Cela débute par une calandre béante barrée d'une fine lame chromée et de deux phares raffinés qui inspirent tant le luxe et la sportivité. Car c'est bien sur ces deux aspects que la Type E mise. Bien vite, les premières commandes sont passées et les premières Jaguar Type E s'affichent dans les rues londonniennes et un peu partout en Europe.
Les jantes à rayons sont à serrage central et arbore un papillon se serrage. Un dispositif élégant et typique des "anciennes" Jaguar mais qui sera interdit quelques années plus tard à cause de sa dangerosité en cas de choc piéton. Derrière ces jantes rutilantes sont présents quatre freins à disque, une première pour la marque, qui peut désormais offrir un freinage insistant et adaptée à sa nouvelle venue. Et à la vue de la puissance délivrée, ce n'est pas un mal ! Maintenant, parlons des antres de notre belle anglaise. Sous son long capot subtilement nervuré, on dispose d'un 6-cylindres, à l'image de la XK 150 qu'elle remplace. Mais cette fois, il dispose d'une cylindrée de 3,8 litres et offre 265 chevaux, une puissance tout à fait raisonnable pour l'époque. Conjuguée à un poids assez faible de 1,2 tonne, on obtient des performances d'un très bon niveau qui n'ont aucunement à faire réagir la concurrence italienne !
Les fines portes passées, on accède à un habitacle qui respire la qualité... et la liberté ! Bien assemblé et coloré, il s'ouvre sur des sièges semi-baquets enveloppants recouverts d'un fin cuir tandis que le tableau de bord, tout de skai noir vêtu surplombe des commandes élégantes et bien disposées. Et typiques d'une voiture ancienne ! Le volant cerclé de bois finira de séduire les plus solides d'entre nous. Lors de son élaboration, l'équipe en charge de la Type E a tout mis en œuvre pour offrir un modèle séduisant sur tous les points et cet intérieur en est le témoignage ultime... Véritable incitation au voyage, elle donne cette envie de ne jamais s'arrêter, sous la douce - mais néanmoins bien présente - sonorité du 6-cylindres. Ennivrant.
Avec ses 265 chevaux, notre Jaguar Type E série 1 ne manque de rien, bien que sa puissance puisse sembler limitée sur le papier, elle compense par une position de conduite très basse qui accentue les sensations de vitesse. La boîte de vitesse montée sur les premières Type E dispose de quatre rapports avec la particularité d'avoir le premier non synchronisé. Un choix étonnant mais que déplaira pas aux amateurs de circuit tant les accélérations sont franches et surprenantes. La seule limite semble être celle imposée par les freins qui nécessitent une attention constante et un effort d'anticipation réels. Le 0 à 100 km/h est gommé en 7'5 secondes dans cette version cabriolet. Quant au confort général, il s'inspire de la Jaguar Type D vue en compétition et adoptent ainsi les quatre freins à disques avec ceux de l'arrière montés à la sortie du différentiel pour optimiser les masses non suspendues. Équilibrée, la Type E fait oublier ses années au volant tant sa tenue de route s'avère bonne.
Mais assz vite, le besoin d'évoluer se fait ressentir. Face à une concurrence acérée, Jaguar décide d'affubler une nouvelle motorisation à sa prmeière mouture de Type E. L'esthétique demeure mais dès 1964, le 6-cylindres en ligne passe de 3,8 litres à 4,2 litres. À partir de 1967, les Type E série 1 seront officiellement retirées de la game et cèderont leur place à un modèle de transition vers la phase 2, nommé Série 1/2. Il a la particularité d'avoir l'esthétique de la phase 1 avec des composants de la phase 2 pour écouler le stock de pièces restantes. Aujourd'hui, les Type E les plus côtées et recherchées sont les cabriolets série 1 en version 3.8, comme l'exemplaire ici présenté.
Sous cet angle, la Jaguar Type E démontre le savoir-faire de Sayer. On comprend mieux l'attrait fort du public pour cette anglaise à la ligne très pure. En revanche, après plus de 50 ans, il est difficile de dénicher un exemplaire totalement sain et au kilométrage certifié. De nombreux réglages ont pu être faits depuis l'origine et cette Type E ne supportant pas l'approximation, mieux vaut faire appel à un spécialiste. L'entretien est donc assez rigoureux et le prix d'une restauration complète élevé bien que des pièces soient toujours trouvables. Rappelons que 6 Type E Lightweight furent créées en 2014 d'après un stock de pièces restantes ! Et ce, avec les mêmes procédés qu'au demi-siècle dernier !
Acheter une Jaguar Type E, c'est acheter un bout de l'histoire de la marque au félin. Inspirée par la compétition, Jaguar a mis le meilleur dans sa Type E pour aboutir à un modèle raffiné sur tous les points. Bien sûr, cinquante après, on cerne mieux les lacunes de cette belle anglaise. Il est vrai que son freinage laisse à désirer et que son 6-cylindres délivre autant de chevaux qu'une Mégane 3 RS ou encore que son entretien est onéreux. Mais à côté de cela, nous sommes en présence d'un cabriolet à ligne ancestrale, capable de faire palir n'importe quel modèle actuel, au comportement clairement avant-gardiste mais toujours capable de donner un sourire radieux et ineffaçable à son conducteur. On lui pardonnera donc une consommation de carburant un peu élevée (15 litres aux 100 kilomètres) et on se consolera sur le fait que ce modèle côte de plus en plus et que la Type E est un très bon investissement !
3 arguments |
3 contre-arguments |
Ligne époustouflante Qualité de l'habitacle Intemporelle |
Côte grandissante Freinage insuffisant Consommation et entretien |
Référence article : AB07 • Version 3.1
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