Le 7 Février 2015, par Thomas DROUART
Greffer un Turbo dans une sage berline, quelle idée saugrenue. Et pourtant, le pari de la marque au losange paie puisque la 18 Turbo connaîtra une belle carrière et touchera un public assez vaste. Premier maillon d'une lignée de berline sportive, nous verrons ce que vaut réellement la 18 Turbo. Faut-il encore l'acheter ?
Fiche technique
Modèle | |
Moteur | 1.6 4 cylindres en ligne turbo 125 chevaux |
Dimensions | 4,40 x 1,69 x 1,38 mètre |
Commercialisation | 1982 - 1985 |
Côte moyenne | 2 500 € |
0 à 100 km/h | 10"0 |
Vitesse max | 192 km/h |
Consommation | 8,6 l/100 km |
Date et lieu | 20 octobre 2014, Le Mans |
L'aventure de la Renault 18 débute à la fin de celle de la 12. La R18 (pour les intimes) ne cherche pas à réinventer la berline mais cherche au contraire à la conforter, à la perfectionner. C'est ainsi que la gamme est élargie, avec 8 finitions et des moteurs essence et diesel dont la puissance oscillera entre 64 et 125 chevaux. Et justement, c'est la version la plus puissante que nous verrons ici. Alors que la Renault 12 cherchait à intéresser, la 18 cherche à convaincre. Pour toucher une clientèle plus large, la berline au losange mise sur un élargissement de son offre. C'est ainsi que nous découvrons en 1979 une version break puis dès 1982, une version Turbo.
Un bref retour en arrière nous amène en 1976 où la Renault 14, concurrente directe de la Volkswagen Golf semble prometteuse. Une version sportive aurait très bien pu voir le jour si la fameuse campagne publicitaire prônant la ressemblance du modèle avec une poire n'avait pas existé. C'est donc sur d'autres modèles que Renault va s'appuyer pour s'étoffer. La 18 reçoit alors une version Turbo, ouvrant la voie des berlines "sportives". Où plutôt dynamiques et a leur popularisation. La 18 reçoit une base de Renault 12 bien qu'améliorée et modernisée en profondeur, avec une ligne plus douce et plus agréable à l'œil.
Le downsizing avant l'heure. C'est ce que propose cette Renault 18 Turbo puisque la cylindrée demeure à 1,6 litres et que le nombre de chevaux passe de 66 à 110 dans un premier temps puis 125 chevaux dès 1983. Ce Turbo Garrett n'est pas inconnu puisqu'il équipait déjà les R5 Turbo. Mais pour la 18, la course à la puissance n'est pas une priorité. C'est davantage la recherche de souplesse et de confort qui priment. Et à ce sujet, la Turbo de 110 chevaux conserve l'avantage sur la version de 1983. Cette augmentation de puissance se justifie par une augmentation de la pression de suralimentation et n'influe pas sur le couple. Les performances n'évoluent ainsi pas autant qu'espéré. Et ce n'est pas la boîte de vitesse, mal étagée qui rattrapera l'écart.
La 18 reçoit des éléments stylistiques qui lui sont propres dans cette version Turbo. Cela commence par des badges Turbo à l'avant et à l'arrière. Mais aussi à un marquage latéral assez discret. Les modifications sont donc assez simplistes. Dans l'habitacle, place à des baquets empruntés à la Renault Fuego offrant un bon maintien bien que mous, à des plastiques noirs brillants mais aussi à une sellerie cuir intégrale à l'aspect flatteur... Mais au vieillissement rapide si mal entretenue. Enfin, elle reçoit de nouveaux pare-chocs et d'un becquet arrière.
La Turbo gagne de nouvelles jantes, en alliage léger, tirées également à la Fuego. Dotées d'un design spécifique et futuriste, elles sont montées en taille basse en 14 pouces. Bon point, en plus de 15 chevaux supplémentaires, la 18 Turbo jouit de quatre freins à disque. La tenue de route demeure bonne, garantit un bon confort et de bonnes vitesses de passage en courbe. Le 0 à 100 km/h demande un peu plus de 10 secondes, car malgré ses 125 chevaux et la petite tonne qu'elle revendique, cette berline française n'est pas une sportive.
Mais hormis cela, la Renault 18 Turbo a marqué son époque, comme étant l'une des premières berline turbo de série. Cela a permis a un public très large de s'y intéresser, du jeune père de famille soucieux du plaisir de conduire au grand-père nostalique de sa DS 19. Vendue l'équivalent actuel à moins de 25 000 € pour un équipement copieux, elle s'est créé un véritable marché qui a contribué à son succès. Mais aussi à sa perte. De nombreux exemplaires n'ont pas reçu l'entretien suffisant. Conjuguez à cela un vieillissement désastreux du tableau de bord, des parties chromées, des baguettes, des mousses des sièges et une forte tendance à accumuler la corrosion, et vous obtenez un modèle bourré de qualité mais qui mérite une rénovation/reconstruction presque intégrale.
C'est aussi pour ces raisons que les 18 Turbo ont une côte très faible. Un bel exemplaire excèdera difficilement les 2 500 €, là où une 205 GTI atteint sans difficulté les 12 000 €. La remise en état d'une 18 a de quoi dissuader, malgré des qualités indéniables et un bloc moteur solide, d'où des acheteurs qui s'orientent vers d'autres modèles. Le long déclin de la 18 Turbo semble donc inéluctable. Mais les rares exemplaires en bon état sont à préserver. Car s'ils restent encore beaucoup de 18 Turbo en circulation, peu sont celles en bon état, voire très bon état. Donc on peut présager une augmentation de la côte de ces exemplaires dans un futur proche.
En 1984, la Renault 18 fait peau neuve et se nomme désormais Type 2. Elle se caractérise par une calandre surmontée d'une partie couleur carrosserie, des jantes alliage dès le second niveau de finition (GTL), l'esthétique de la version Turbo reprise par toutes les versions concernant le becquet et les baguettes latérales mais aussi à l'implantation d'une planche de bord inspirée par celle de la Fuego.
Si l'adoption d'un turbo ne fait pas de cette R18 une berline sportive, elle lui permet de se mouvoir tout à fait correctement. Son vieillissement rapide a condamné bon nombre d'exemplaires peu ou pas assez entretenus ce qui a induit une décôte monstrueuse. Mais la belle française n'est pas dénuée de qualités et mérite qu'on s'intéresse à elle ! Une rénovation complète est un choix audacieux puisque l'on peut s'attendre à une remontée de sa côte d'ici quelques années. Après tout, n'est pas première berline suralimentée de série au monde qui veut !
Référence article : AA95 • Version 3.0
AA23 * Renault 12 TL '75 - Palais-de-la-Voiture.com
Face aux Citroën GS, Peugeot 304 et Simca 1100, la firme au losange se devait de proposer une rivale à la hauteur. C'est la Renault 12 qui voit le jour en 1969. Nous verrons aujourd'hui la versio...
AE86 * Renault Super 5 GT Turbo '88 - Palais-de-la-Voiture.com
Pour donner une image plus neuve à leur marque, les constructeurs développent des versions sportives dérivées de leur modèle phare. Pour Renault, cela a lieu dès 1985 avec la Super 5 GT Turbo...
http://www.palais-de-la-voiture.com/article-ae86-renault-super-5-gt-turbo-phase-2-96824210.html
AB93 * Peugeot 504 GL '73 - Palais-de-la-Voiture.com
Peugeot a su tirer parti des trente glorieuses pour parfaire sa gamme... et monter en gamme et puissance. Si la 403 faisait 8 chevaux fiscaux, la 404 en affichait 9. Il est donc cohérent que la ...