Le 21 Mai 2017, par Thomas Drouart
Aujourd'hui, nous verrons que les domaines automobile et ferroviaire peuvent parfois se relier. Vous découvrirez notamment des trains réalisés par Bugatti et Renault, d'étranges similitudes et une sélection de bonus tous plus savoureux les uns que les autres. Attention au départ !
Commençons par Bugatti. Un nom qui parle au plus grand nombre. Dans les années '30, la firme italienne (devenue française) a pourtant œuvré dans le domaine ferroviaire, en réalisant pas moins de 88 automoteurs, qui ont circulé sur le réseau français.
Les autorails Bugatti, comme ils étaient surnommés avaient une esthétique singulière, une proue très aérodynamique et la particularité d'avoir le poste de conduite en milieu de caisse, surélevé. Cela permettait aux voyageurs d'observer les rails.
Plusieurs versions ont vu le jour, de une à trois caisses, avec plusieurs niveaux de finition. Bugatti, très ancrée dans le luxe, a même réalisé des versions WR dîtes "Présidentiel".
Au milieu de la caisse, sous le poste de conduite, se trouvait la salle des machines. Là, on retrouvait 4 moteurs 8 cylindres en ligne, suite à l'échec commercial de la Bugatti Type 41.
Vous vous demandez peut-être pourquoi Bugatti a réalisé ces trains ? Tout simplement pour écouler un fort surplus de moteurs. Sauf que ces derniers tournaient à l'essence et engendraient une consommation stratosphérique. Ils ont été retirés du service en 1958 et ferraillés.
Un exemplaire est toutefois conservé à la Cité du train de Mulhouse.
Renault n'a pas produit que des voitures. L'une de ses filiales (SAUR) a réalisé des automotrices. Son but ? Amorcer la transition des grands trains vers de plus petits modèles, adaptés aux lignes secondaires.
De 1922 à 1957, plusieurs centaines d'engins sortiront des ateliers situés sur l'Île Seguin, sur des chaînes de production annexes aux automobiles.
Le dernier autorail quittera la chaîne de production en 1957, il s'agit du modèle référencé X2919, qui circula sur le réseau SNCF jusqu'en 2009.
Les modèles Renault disposaient parfois d'un design osé, à l'image du modèle illustré ci-dessus (ABJ) avec le radiateur situé sur la toiture.
Certains modèles sont toujours conservés et en circulation sur des réseaux touristiques.
Paul Arzens est un homme polyvalent. Designer, on lui doit l'esthétique de plusieurs séries de matériel à la SNCF, dont les locomotives dîtes "Nez cassé" (voir illustration), les autorails panoramiques et une livrée grise, rouge et orange portant son nom.
Bien qu'il a également esquissé plusieurs types d'avions, Paul Arzens réalisa plusieurs prototypes de voitures, dont un modèle nommé "La Baleine", datant de 1938, que l'on aperçoit également sur notre illustration. Le style est relativement futuriste et témoigne de sa recherche sur l'aérodynamique parfaite.
Pour l'anecdote, Arzens concrétisait ses dessins de train, en modélisant des maquettes à l'échelle 1/87 (HO). De là, il recherchait les couleurs, peaufinait les formes et validait ou non ses prototypes.
Enfin, une autre de ses voitures est l'Œuf électrique, une voiture composée de plexiglas et d'aluminium et équipée d'un moteur électrique permettant une autonomie de 100 kilomètres. C'était en 1942.
Le célèbre fabricant de pneus Michelin a fortement diversifié ses activités par le passé. Outre des avions, on doit quelques autorails légers à la marque au bibendum. Ces derniers étaient appelés les "Micheline".
Leur particularité était de disposer de pneumatiques, tout en empruntant les rails traditionnels du réseau ferroviaire français. Les roues ont été adaptées en conséquence et marquent une première dans l'histoire.
De 1933 à 1936, plusieurs dizaines d'engin seront réalisés. Le style varie fortement. Si les premiers modèles s'inspirent d'autocar, les dernières productions sont nettement plus proches des autorails traditionnels, avec des roues classiques en acier.
Les derniers exemplaires circuleront jusqu'en 1952. Certains seront alors envoyés en Afrique. Plusieurs exemplaires ont été conservés de nos jours, et restaurés.
Michelin ne retentera pas l'expérience du ferroviaire, se recentrant exclusivement sur les pneumatiques durant l'après-guerre.
Brissonneau et Lotz, ces deux noms ne vous parlent probablement pas. Il s'agit d'une entreprise de construction de matériel ferroviaire, désormais intégrée à Alstom (depuis 1972).
Outre un nombre conséquent de locomotives, wagons et voitures voyageurs produits depuis 1837, l'entreprise a à son actif quelques productions de voitures Renault, Opel ou Matra. La 530, notamment, a été partiellement assemblée dans les ateliers Brissonneau et Lotz.
Une voiture fut même exclusivement réalisée par cette entreprise, il s'agit d'une petite découvrable basée sur un châssis de Renault 4CV et nommée "Louis Rosier". Ce nom, c'est celui d'un pilote, qui s'est essayé à la construction automobile, mais sans succès.
Brissonneau et Lotz produisait la Louis Rosier, en partenariat avec son designer, au début des années '50. Plus de 200 exemplaires verront le jour jusqu'en 1959. Aujourd'hui, c'est un modèle introuvable sur le marché de l'occasion...
Trouver des ressemblances entre train et voiture, c'est plutôt étonnant, non ? Cependant, des liens existent également d'un point de vue stylistique. Un wagon voyageur s'appelle voiture, par exemple, dans le jargon ferroviaire.
Sur notre illustration, nous avons relevé deux similitudes dans la ligne générale. Il s'agit du Volkswagen Combi T1. Ce modèle créé à la fin des années '40 semble avoir inspiré la livrée des automotrices type X4300. Fait étonnant, ces derniers étaient surnommés "Caravelle". L'actuelle génération d'utilitaire léger Volkswagen s'appelle... Caravelle !
Quant au Citroën Type H, avec sa livrée grise et ses tôles ondulées sur les côtés, les ferrovipathes ne manqueront pas de noter quelques similitudes avec les automotrices X5300.
D'une manière plus générale, certains modèles de train actuels abandonnent leur aspect brut à l'avant. Ils se dotent de phares profilés, de lignes plus douces tout en étant agressives dans le style général. L'inspiration automobile est perceptible.
L'aérotrain n'appartient pas réellement au monde ferroviaire mais j'espère que vous me pardonnerez cet écart. Il s'agit d'un projet de train se déplaçant sur coussin d'air, sur des voies surélevées et sans contact avec ces dernières. Le projet de Jean Bertin s'inspire du monorail et se devait être le moyen de transport du futur.
Il fut expérimenté à grande échelle en France, dans le sud ouest de Paris. Plus de 25 kilomètres de voies cumulées ont été créées entre 1966 et 1969 et plusieurs véhicules spécifiques sont créés.
Pour réduire leur coût de fabrication (et espérer assurer une suite à ce projet), l'Aérotrain 01 (illustré) utilise des pièces de récupération automobile. Les poignées sont empruntées à la Citroën 2CV, les sièges proviennent de la DS tandis que le cendrier embarqué vient d'une Renault 8. Des légendes évoquent une motorisation Gordini.
L'aérotrain n'eut pas de descendance, cannibalisé par le gouvernement au profit du TGV. Toutefois, les voies aériennes sont encore bien visibles de nos jours.
Si le train s'inspire parfois de l'automobile, cela marche aussi dans le sens inverse. Le célèbre Amédée Bollée crée en 1879 la Marie-Anne (à gauche). Ce modèle, c'est celui du train routier. On y reprend le concept traditionnel de la locomotive à vapeur, que l'on applique à des roues en bois afin de rouler sur route.
Cette dernière fonctionne donc à la vapeur et à la capacité de tracter un ou plusieurs wagons derrière. Sur le plat, jusqu'à 100 tonnes pouvaient être tractées.
Il faudra attendre 1913 pour que Latil, un constructeur marseillais aujourd'hui disparu, crée son propre train routier. Cette fois, jusqu'à six wagons peuvent être tractés sur route.
Enfin, LeTourneau, une firme américaine au nom bien franchouillard, crée plusieurs modèles de trains routiers destinés à l'Alaska dans les années '50. Ces derniers sont d'une taille très importante, avec des roues de plus de trois mètres de haut et jusqu'à 10 immenses wagons. Il n'y aura pas de descendance à ces projets.
Jules-Albert de Dion et Georges Bouton ont créé leur première automobile en 1883. À l'époque, il s'agissait de tricycles à vapeur. Des véhicules qui tourneront ensuite à l'essence dès 1895. L'activité automobile de De Dion-Bouton cesse en 1932, des conséquences de la crise de 1929.
En revanche, l'entreprise s'est spécialisée dans la production d'autobus et d'autorails ferroviaires. 250 véhicules seront assemblés de 1900 à 1948. Ces petits autorails avaient parfois l'apparence d'un autorail (comme le JM-4 illustré ci-dessus). D'autres étaient plus imposants, à l'image des modèles OC2. Certains rouaient sur les voies normales tandis que d'autres étaient sur voies métriques.
De nos jours, 13 autorails De Dion-Bouton sont toujours en circulation, sur des réseaux touristiques sur différents réseaux.
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J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |