Le 17 Octobre 2017, par Thomas Drouart
Loin de moi l'idée de vous proposer un article blasé de l'automobile. Toutefois, en y regardant de plus près, on ne peut que constater que la production actuelle tend vers une certaine uniformisation. Pour étayer mes propos, je citerais quelques exemples pour les cas les plus marquants.
Faisons un petit voyage dans le temps. Revenons dans les années 2000 à 2005. Essayez de resituer les modèles composant grossièrement les gammes de nos constructeurs. Il s'agissait de palettes assez réduites de modèles. Il y a une citadine, une compacte, un monospace et une berline. Parfois d'autres voitures annexes.
Aujourd'hui, analyser la gamme d'un constructeur, c'est s'assurer d'une violente migraine. BMW, par exemple, a remplacé sa Série 3 par un binôme : Série 3 pour les berlines, Série 4 pour les breaks. Sauf que la Série 4 peut également être proposée en version Gran Coupé. Comme son nom ne l'indique pas, c'est une berline assimilée comme un coupé car le pavillon est fuyant. Vous vous y perdez ? Vous n'êtes pas la ou le seul(e).
Les carrosseries automobiles sont bardées d'absurdités et de modèles dont la logique n'excède pas celle d'un discours philosophique après une soirée bien arrosée chez votre oncle un peu relou.
Un 4x4, c'est fait pour évoluer dans des terrains accidentés. Un cabriolet, c'est pour flâner et profiter du beau temps sur des routes bien rectilignes. Qui a eu l'idée de décliner le Range Rover Evoque en cabriolet. Sérieusement ?
Ce n'est pas le seul exemple. Prenons les SUV urbains à deux roues motrices. Pour escalader les trottoirs, c'est sympa. Mais quel est vraiment l'intérêt ? Dois-je évoquer les SUV "coupés" qui ont en fait cinq portes mais dont le pavillon fuit pour réduire le volume de coffre ?
En tout temps, les constructeurs ont essayé d'innover en réalisant des carrosseries bâtardes. Nous pourrions citer la Renault Avantime. Un gros monospace à trois-portes, c'était audacieux. C'était aussi un échec cuisant. La Mercedes CLS, il y a plus d'une dizaine d'années, a débuté le concept discutable du "coupé 4 portes". Fatalement, d'autres ont suivi dans cette voie.
Quand quelque chose marche, les copies s'accumulent. Le BMW X6 est une voiture absurde sur le papier. Vous prenez un gros 4x4 mais vous acceptez de réduire fortement le volume pour un look de coupé plus ou moins réussi. La demande est pourtant là. Le Mercedes GLE coupé s'y est essayé, puis les Audi Q8 et Porsche Cayenne coupé ne vont pas tarder à envahir le segment.
Et vu que ça marche, on décline ce concept de SUV coupé à tous les niveaux. Le BMW X4 est ainsi un X3 coupé, tout comme le X2 sera une déclinaison coupé du X1. Oui, il y a de quoi s'y perdre.
Et cela peut se vérifier sur plein d'autres domaines.
Parlons calandre.
Je ne citerais qu'un seul exemple. Vous en aurez certainement bien d'autres qui arriveront en tête. Regardez l'avant des dernières générations d'Opel Insignia et Mazda 6. Arriveriez-vous à les distinguer sans regarder le logo ? Il y a pourtant une allemande et une japonaise. Mais comme tous les constructeurs recherchent les lignes parfaites pour séduire un maximum d'acheteurs potentiels, les spécificités de chaque constructeur arrivent dans le même entonnoir et les designs également...
D'ailleurs, la mode est désormais au toit flottant. Ce concept assez superficiel consiste à donner l'impression que le toit n'est pas relié à la voiture, en utilisant comme subterfuge des montants de pare-brise noir et en peignant une petite partie arrière en noir. Vous trouvez cela magique, vous ?
Je pourrai également parler des jantes. Vous savez, ces modèles que vous avez l'impression de voir partout. Une partie couleur alu, une partie noire. C'est beau le biton.
Il y a cinq ou dix ans, que vous arrêtiez toutes les voitures face à vous, vous auriez vu une prédominance de 4-cylindres diesel. Depuis le dieselgate, le carburant gras a tendance à (enfin...) quitter le capot du parc automobile récemment sorti de production.
La mode est désormais aux petits 3-cylindres turbo essence. Des moteurs qui se conduisent comme des diesel et qui ont l'avantage de ne pas trop consommer. Suffisant pour rassurer les ex-mazouteux.
Continuons maintenant en regardant l'origine des mécaniques.
Connaissez-vous le point commun entre un Dacia Duster et une Mercedes Classe A ? Les deux peuvent être mus par la même motorisation. On l'appellera 1.5 dCi 90 ou 110 sur le Duster, mais 160d ou 180d sur l'allemande. Pour réduire les coûts d'ingénierie, les constructeurs s'échangent leurs moteurs.
Sur le papier, cela n'a que des avantages. En revanche, quand ça ne va pas, cela crée des conflits internes. Porsche réclame par exemple 240 millions d'euros à Audi pour avoir fourni des blocs moteurs nettement plus polluants qu'annoncés.
Ces moteurs reposent sur des châssis. Ces châssis, justement, sont souvent communs à la plupart des modèles au sein des groupes. Prenons l'exemple de Volkswagen avec sa base MQB. Prochainement, cette base modulable accueillera l'intégralité des modèles du groupe, hormis quelques sportives.
Cela réduit les coûts de prod', bien sûr, et heureusement, mais cela réduit parallèlement les possibilités techniques innovantes. On ne peut pas tout avoir...
Heureusement, il reste quelques électrons libres. Des modèles qui n'existent pas uniquement pour satisfaire les effets de mode, qui ont un véritable intérêt, qui ne contentent pas de singer pour gratter des ventes. Ces modèles-là, il faut les savourer. Et heureusement qu'ils existent.
Et vous, quels sont vos coups de cœur actuels sur le marché ? Trouvez-vous les ressemblances entre modèles de plus en plus frappantes ?
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |