Le 23 Janvier 2022, par Thomas Drouart
La voiture électrique a connu une augmentation significative de ses volumes de vente ces dernières années. Bien dopé par les aides gouvernementales et une communication dramatique sur l'avenir nuageux du thermique, cet essor 100 % électrique interroge bon nombre de spécialistes sur les infrastructures existantes en matière de recharge. Siemens Financial Services, qui est le département financier de Siemens, un groupe spécialité dans différents domaines d'activité, a dressé un bilan assez impressionnant sur le sujet, qui prévoie 100 milliards de dollars d'investissement d'ici 2026. Le réseau électrique risque-t-il la saturation ?
En 2011, seulement 2 626 voitures électriques ont été vendues dans l'hexagone. En 2021, ce sont pas moins de 162 106 autos électrifiées qui ont été mises en circulation. Une croissance impressionnante. Ce qui explique cela, c'est à la fois le développement du réseau de bornes de recharge, de meilleures autonomies et une technologie qui se démocratise timidement avec l'aide de dispositifs gouvernementaux (bonus écologiques, prime à la conversion) et régionaux (participation à l'installation d'une Wallbox). Toutes ces avancées entrainent des systèmes de recharge de plus en plus performants. Si nous prenons par exemple les Superchargeurs de Tesla, la puissance maximale de charge atteint désormais 250 kW sur les modèles V3. Une puissance qui devrait atteindre les 400 kW lors de prochaines révisions.
Dès lors, le défi de l'installation des bornes de recharge rapide est devenu essentiel. Le réseau évolue assez rapidement. En moins d'un an, le nombre de bornes de recharge a doublé, avec plus de 100 000 unités publiques recensées. Il faut dire que la demande est forte et qu'il y a un objectif à tenir : éviter la saturation des points de recharge. Ce risque, il est de plus en plus grand. Heureusement, les constructeurs automobiles ont pris les devants en intégrant directement, au sein de l'interface numérique, la gestion des points de recharge disponibles. Cela n'empêche malheureusement pas la saturation de quelques points mais il est probable que cela s'améliore assez rapidement dans les prochaines années.
L'augmentation rapide du volume de voitures électriques pose également la question de la suffisance des infrastructures. A-t-on les moyens d'alimenter autant de voitures électriques ? Devra-t-on ouvrir de centrales nucléaires pour tenir la cadence ? Cette augmentation de la demande pourrait-elle faire exploser les prix des batteries et de l'électricité ? Ces questions, elles préoccupent beaucoup les constructeurs, surtout ceux qui investissent massivement dans l'électrique. Pour autant, il faut savoir que malgré les volumes croissants de voitures électriques, il y a tout de même des pics de recharge à certaines heures.
De même, toutes les voitures n'utilisent pas la même technologie. Selon Hyundai, dans un communiqué luxembourgeois, la moitié des modèles électriques serait chargée en monophasé 3 kW, ce qui correspond au courant domestique. L'autre moitié serait donc connectée en triphasé à 11 kW ou bien à des bornes de recharge public. Les pics de consommation seraient entre 7 h et 10 h mais aussi entre 17 h et 20 h. Sur ces créneaux, la demande électrique serait nettement insuffisante. À l'inverse, les heures creuses permettraient un équilibre.
Des propos soutenus par bon nombre de spécialistes qui parlent d'un équilibrage dans la demande. L'augmentation de la part de la voiture électrique s'équilibrerait avec une baisse de consommation des radiateurs électriques et une meilleure isolation. Selon les hypothèses les plus pessimistes, l'emploi de nouvelles centrales nucléaires ne serait pas un impératif en France. Un discours plutôt rassurant donc.
Comme beaucoup, nous sommes plutôt sceptiques quand à ce déploiement trop rapide de la voiture électrique. Bien sûr, il n'est pas question de remettre en cause la technologie ni même le plaisir de conduite d'une voiture électrique. Ces deux éléments sont parfaitement avérés. Mais on peut légitimement se demander si le fait d'évincer volontairement toutes les autres sources d'énergie était la solution la plus pertinente. Si les jours du thermique semblent compter, d'autres alternatives existent, comme l'éthanol qui offre un fonctionnement hybride avec le sans-plomb, le GPL, l'hydrogène ou encore le gaz de ville. Ces alternatives sont pourtant davantage laissées sous silence au profit de la voiture électrique.
Si la voiture électrique est perçue comme l'avenir, on peut regretter que la stratégie soit toujours autant axée autour du lithium, pour la fabrication des batteries. Outre des problèmes éthiques, la question du recyclage des batteries se pose également. Mais là encore, des améliorations concrètes se mettent en place petit à petit afin de corréler voiture électrique et voiture propre. Si ce n'est pas encore le cas aujourd'hui, les progrès sont indéniables.
Malgré tout cela, nous pourrions attendre le déploiement de nouvelles ressources, comme le graphène qui intéresse beaucoup de spécialistes mais dont le déploiement est particulièrement lent. Pourtant, un SUV chinois, le GAC Aion LX permet une recharge en 8 minutes seulement pour une autonomie de 1 000 kilomètres. C'est donc une performance bien supérieure aux batteries Lithium-Ion traditionnelles qui équipent l'immense majorité du parc électrique actuel. Il est fort probable que la démocratisation de ces batteries de nouvelle génération donnera un gros coup de vieux aux électriques actuelles...
Le but de cet article n'était aucunement d'acculer ni même d’idolâtrer la voiture électrique. La problématique est bien trop complexe pour apporter une bête réponse binaire. Ce qui est certain, c'est que les évolutions sont nombreuses et dans un spectre large, ce qui laisse effectivement penser que la voiture électrique a une bonne marge de développement. Les années à venir seront sans doute décisives et particulièrement importantes puisque l'on devrait assister à l'émergence de batteries encore plus efficientes, du développement de nouveaux points de recharge avec une concurrence accrue entre les fournisseurs et bien sûr, à de nouveaux modèles de voitures qui repousseront les limites existantes !
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |