Contrôle technique 2018 : sera-t-il vraiment si terrible ?

Depuis quelques semaines déjà, le contrôle technique cru 2018 est en train de terroriser la plupart des possesseurs de voitures de plus de 7 ou 8 ans. La raison ? Un durcissement à l'horizon de 2018 qui promet une sélection bien plus drastique des voitures reçues. En quoi cela va-t-il consister ? Nous allons voir cela ensemble.

Le contrôle technique

Depuis 1992, le contrôle technique automobile a pour mission d'enlever de la voie publique tous les véhicules qui ne répondent plus aux normes de sécurité ou environnementales en vigueur. Il doit être passé à partir du quatrième anniversaire de chaque véhicule puis être renouvelé tous les deux ans. Pour les voitures de collection, c'est tous les cinq ans, et c'est légèrement moins contraignant.

Le système actuel se base sur 124 points de contrôle répartis en 10 catégories : identification, freinage, direction, visibilité, éclairage et signalisation, liaison au sol, structure et carrosserie, équipements, organes mécaniques, pollution et niveau sonore.

Certains défauts imposent une contre-visite tandis que d'autres sont tolérés, mais signalés sur le rapport. Certains contrôleurs font parfois preuve de tolérance, ce qui peut permettre de faire rouler des voitures qui ne le devraient pas nécessairement.

Les évolutions pour 2018

C'est désormais officiel, mai 2018 sera la mise en application de la grande - et assez flippante - réforme du contrôle technique. Comme souvent, les rumeurs se sont rapidement emparées des informations et elles sont ressorties d'une manière un peu erronées pour certaines. Loin de moi l'idée de faire l'apologie du contrôle technique, mais nous allons remettre quelques vérités à leur place.

>> Non, le nombre de points de vérification ne va pas être multiplié par trois ! En vérité, les points de contrôle seront similaires à ceux en cours, seule la tolérance va différer et la durée de vérification vont augmenter. Le regroupement est aussi entièrement revu. En passant de 124 à 400 points apparents, le contrôle technique ne change pas radicalement. Disons que c'est la grille qui changera de forme et qui obéit toutefois aux dernières directives européennes de 2014. Aux côtés des défauts mineurs et majeurs (avec contre-visite), il y aura les défauts critiques.

>> Oui, les voitures pourront être immobilisées, en cas de défaillance jugée critique. C'est déjà le cas pour les poids-lourds. Il faudra alors faire les réparations dans un délai de 24 heures, sans quoi votre voiture n'aura plus le droit de rouler. D'ailleurs, les seuls trajets qui vous seront autorisés seront ceux pour vous rendre chez le garagiste. Un peu glauque, non ?

>> Oui, ce sera plus strict. Désormais, un voyant allumé sur le tableau de bord sera consigné, tout comme la corrosion perforante dans les passages de roue par exemple. Soyons francs, les vieilles voitures auront de plus en plus de mal à obtenir leur ticket pour rouler deux ans sans être emmerdées... D'ailleurs, les contrôleurs se verront appelés inspecteur.

>> Oui, ça vous coûtera plus cher. C'est logique : les contrôleurs passeront plus de temps sur chaque véhicule. De même, les contre-visites, parfois payantes actuellement, seront systématiquement facturées. Elles seront aussi beaucoup plus fréquentes...

>> Non, les détériorations mineures ne disparaitront pas. Elles seront moins nombreuses, en revanche. Un disque de frein un peu abimé, actuellement, n'entraine qu'un défaut mineur. Il deviendra majeur dès mai 2018. Et d'autres majeurs, deviendront critiques, avec la réparation sous 24 heures imposée.

Si vous envisagiez de changer de voiture sous peu, c'est le moment où jamais : les vieilles voitures peu susceptibles d'être reçues au contrôle technique risquent de voir leur cote chuter davantage. Pas envie de vous ennuyer avec des papiers ou de risquer un vice caché ? Alors faîtes une estimation de reprise voiture sur Vendezvotrevoiture.fr.

Pourquoi un tel durcissement ?

Il y a plusieurs explications qui expliquent cette réforme.

• L'harmonisation du contrôle technique au niveau européen

• Ensuite, il y a la volonté d'assainir le parc automobile actuel, en sortant de la route les vieilles guimbardes dangereuses rongées par la rouille

• Le souhait de relancer le secteur automobile en incitant à l'achat de véhicules neufs

Un dispositif coûteux...

Les inspecteurs - c'est leur nouveau nom - recevront une formation de plusieurs jours pour se mettre à jour sur le contrôle technique 2018. Il faudra désormais d'un diplôme de niveau 4 (bac pro) pour exercer cette profession.

Il y aura donc des dépenses à ce niveau, mais aussi dans l'équipement des centres. Le matériel devra être renouvelé et répondre à des normes européennes encore plus strictes. Ce coût pourrait bien mettre à mal les petits centres. Ces derniers devront embaucher du personnel supplémentaire pour tenir la cadence avec les charges qui en découlent...

Enfin, grand perdant, l'automobiliste devra d'acquitter d'un coût supplémentaire et d'un petit stress. Ma voiture sera-t-elle reçue ? Vais-je devoir trouver un garagiste dans la journée et lâcher 1 000 € ?"

Actuellement, le contrôle technique est facturé aux environs de 65 €, avec une fourchette oscillant de 35 à 99 €. Que coûtera le nouveau ? Certains tablent sur un doublement des tarifs, ce qui n'est pas improbable.

Périodicité

Dès mai 2018, le contrôle technique sera annualisé dès la sixième année. Si l'on récapitule, vous passerez donc cet examen la quatrième, sixième, septième, huitième et toutes les années qui suivront...

À savoir !

• Désormais, il y aura un contrôle des rejets d'émission de particules et d'oxydes d'azote. Les diesel dont le FAP a été ôté seront épinglés

• Les centres de contrôle technique risquent d'être débordés en mars et avril prochains puisque les automobilistes vont s'y agglutiner !

• S'ajoute la défaillance critique, qui impose des réparations sous 24 heures

• La corrosion sur la carrosserie fera l'objet d'un examen approfondi afin de voir si cela diminue ou non sa résistance

• Les 400 points couvriront la voiture dans son ensemble, tant mécanique qu'esthétique.

Enfin, nous terminerons par l'avis de Laurent, contrôleur technique et qui partira prochainement en formation afin de se préparer à l'évolution attendue en mai 2018.

"Aujourd'hui, il y a des défauts mineurs sans obligation et des défauts majeurs. À partir de mai 2018, la moitié des mineurs disparaissent pour être en majeurs. Exemple : pour les disques de freins, la détérioration mineure n'existera plus, tout comme pour la batterie et la mauvaise fixation. Pour le moteur, les fuites d'huile seront refusées et en plus il y aura défaut critique comme pneus et carrosserie corrosion perforante. Il y aura un délai pour se diriger vers un garage et ne pas rouler avec tant que la ou les réparations ne seront pas faites."

Et vous, avez-vous peur du contrôle technique 2018 ?