Le 9 Décembre 2017, par Anthony Perrier
J'ai eu le privilège de prendre les commandes pendant quelques jours d'une Tesla Model S 75D pour effectuer mes trajets quotidiens, mais aussi pour faire un impressionnant Lyon-Paris. Cette expérience m'a permis de mieux me rendre compte du travail réalisé par les ingénieurs de chez Tesla pour enfin rendre un véhicule 100% électrique désirable. J'ai également rencontré les utilisateurs de cette auto, ainsi que ceux qui ont de larges à-prioris.
Dimensions | 4,97 x 1,96 x 1,45 mètre | |
Poids | 2 100 kg | |
Boîte de vitesse | Rapport fixe à vitesse unique | |
Transmission | Intégrale | |
Moteur électrique 244 kW 332 chevaux 525 Nm 9 CV | 0 à 100 km/h | 4"4 |
Vitesse max. | 225 km/h | |
Autonomie | Jusqu'à 490 km (NEDC) | |
Prix de base (neuf) | 79 200 € |
Etant habitué à conduire quotidiennement une voiture vieille de seize ans, je dois vous avouer que mes premiers tours de roues à bord de cette Model S étaient plus que déroutants. Concrètement, j'ai perdu tout mes repères et toutes mes petites habitudes, au profit d'une conduite complètement intuitive et sécurisante. C'est exactement cette sensation-là que le constructeur californien veut transmettre à ses clients, et je dois avouer que pour ma part, c'est plutôt réussi.
Bien sûr, peu importe la voiture que vous aurez dans les mains, vous aurez - presque - toujours un volant et deux, voir trois pédales à vos pieds. Jusque là, rien de bien déroutant me direz-vous. Mais les choses deviennent vraiment différentes lorsque vous mettez le contact, et que vous démarrez les deux moteurs électriques.
Là, c'est bien un tout nouveau monde, bien différent de celui que je connais habituellement qui s'ouvre au conducteur. Un monde de silence, de confort et de puissance. C'est ainsi que débute mon périple au volant de l'une des voitures électriques les plus désirables et performantes du marché, pour un voyage jusqu'à la capitale, au départ de Lyon.
Fraîchement récupérée à la boutique lyonnaise, je prends place à bord de cette Model S pour réaliser mon premier trajet d'une cinquantaine de kilomètres. Premier défi, sortir de Lyon sous une pluie battante, tout en étant coincé au beau milieu de la circulation déjà dense. Finalement, j'oublie rapidement le stress accumulé car je me rends compte que le gabarit imposant de cette auto est très facilement domptable.
En dehors du seul bruit de la pluie sur mon pare-brise, le calme plat. Il est ainsi très facile de me concentrer sur ma conduite et le monde qui m'entoure. Rapidement, je me rends compte que je ne passe pas inaperçu dans le centre-ville, et je reçois également le sourire approbateur de la part du propriétaire d'une magnifique Aston Martin DB11. Le ton est donné, je sais que je vais apprécier ces quelques jours à son volant.
Une fois derrière le volant, on se rend compte à quel point les américains ont la folie des grandeurs. Tandis que les constructeurs nous habituent à des écrans toujours plus grands, Tesla casse les codes et nous balance carrément un écran de 17 pouces sur la console centrale. Cet immense pavé permet aux utilisateurs de tout paramétrer, du réglage de climatisation à la fermeté des suspensions, et peut également afficher le GPS, ou un site internet, ou le tout à la fois.
En dehors de l'aspect technologique poussé au maximum, cette Model S offre une habitabilité à toute épreuve, avec notamment un plancher parfaitement plat à l'arrière, poussant le confort des passagers à un tout autre niveau.
Il est également possible d'ajouter l'option qui permettra à deux personnes supplémentaires à bord, afin de porter le nombre de passagers maximum à sept. Normalement, cette information devrait vous donner une idée de l'habitabilité monstre de cette voiture.
Notre modèle d'essai dispose de quelques options sympathiques, comme ce splendide intérieur "Noir Premium" avec de splendides inserts en bois de Frêne. Bien que cette Tesla reflète l'entrée de gamme actuelle du constructeur, elle place la barre très haut et je n'ai pas honte de comparer sa finition à celle des leaders du segment des berlines de luxe.
Avant de commencer mon voyage de 530 kilomètres à travers la France, j'ai encore quelques jours pour m'habituer à cette auto et à la technologie qu'elle embarque. Les commodos disposés autour du volant ont tous une fonction propre, comme dans n'importe quelle voiture. Celui de droite - photo ci-dessous - permet de choisir un rapport, marche avant, neutre, parking, marche arrière. Rien d'extraordinaire à cela. Cependant, tirez deux fois sur celui de gauche et la voiture se met à conduire toute seule.
Quelle étrange impression. Imaginez-vous lancé à 130 km/h sur la voie de gauche, au volant d'une voiture dont le volant se meut par lui-même. Croyez-moi, les quelques premiers kilomètres sont vraiment spéciaux, mais on finit par très rapidement s'y faire et trouver ça "normal". Je me suis même surpris à regarder mes notifications Facebook, vérifier mes mails, allez sur YouTube, regarder le JT et faire une visio-conférence en plein milieu de l'autoroute, en faisant totalement confiance à l'auto. Evidemment, je blague, mais ce sera très bientôt possible et légal...
Sur voie rapide, mettez votre clignotant, l'auto s'occupe de vérifier les angles morts et tout le patin-couffin, et elle se déportera sur la voie d'à côté à votre guise, sans aucune autre intervention. On se retrouve très rapidement à jouer avec ce système, en saluant les autres usagers de la route avec les deux mains tout en les dépassant. Oui je encore jeune.
Outre ce système bluffant d'Autopilot, la Tesla embarque deux moteurs électriques qui s'occupent chacun d'un train roulant. Ainsi, l'auto s'apparente à une transmission intégrale permanente, ce qui lui confère une parfaite motricité en toute circonstances. De plus, les 75kW de batterie sont situées sous le plancher et la répartition des masses est ainsi presque égale entre l'avant et l'arrière de l'auto.
Seul gros point noir à la conduite de l'auto : le poids. La Model S 75D avoisine les 2,2 tonnes à vide, et a comme caractéristique de sous-virer très facilement en phase d'accélération. Pas étonnant et pas forcément gênant pour une auto de ce gabarit.
Au delà de ça, les accélérations se veulent être franches, voir même parfois assez violentes. C'est un vrai régal pour les dépassements et autres insertions rapides. La totalité du couple est disponible à tout instant grâce aux moteurs électriques, un vrai confort et une sécurité supplémentaire ! Rappel, le 0 à 100 km/h est abattu en seulement 4,4 secondes avec ce modèle d'entrée de gamme, soit la même performance qu'une Aston Martin Vantage GT8, il y a pire comme référence !
Bien que l'autonomie de cette 75D soit annoncée à 490 km (NEDC), une utilisation normale vous rapprochera plus des 380 km d'autonomie totale. Un chiffre suffisant pour la plupart des utilisateurs, puisque n'oublions pas que le français moyen parcourt environ 30 km quotidiennement. La Tesla peut se charger facilement sur une prise domestique en 230V, à raison d'une vitesse assez limitée. En effet, une recharge sur secteur permettra à l'auto de récupérer environ 14 km d'autonomie par heure. En soit, roulez la journée, et chargez la nuit ! Ainsi, l'auto pourra récupérer environ 150 km durant une nuit de 10 heures. Certaines villes vous proposent également des abonnements pour voitures électriques avec places de parking réservées, dont les vitesses de charge seront plus importantes !
Lorsque j'ai branché pour la première fois cette Tesla sur un des Superchargeurs du réseau, je me suis dis "Waw ils sont chauds les gars". Dès que l'auto est branchée, l'écran situé dans l'habitacle vous informe de la vitesse de chargement. Tandis que sur une prise domestique, la Model S retrouvait 14 km à l'heure, cette infrastructure lui donnait quant à elle parfois plus de 400 km par heure de charge. Autrement dit, vous pouvez charger la totalité des batteries de l'auto en à peine 1h15. J'étais tout simplement ébahi.
De plus, vous pouvez télécharger l'application Tesla sur smartphone qui est reliée à votre auto. Grâce à elle, soyez notifié lorsque les batteries sont pleines, ou lorsque l'autonomie est suffisante pour reprendre la route.
Le réseau des Superchargeurs Tesla est de plus en plus fourni dans notre métropole, si bien qu'il y en a sur la plupart des grandes aires de repos pour autoroute. Autrement dit, mon trajet Lyon - Paris aurait pu s'effectuer avec une seule pause à mi-chemin, mais c'était sans compter sur mon exécrable organisation.
C'est bel et bien la partie qui m'inquiétait le plus. En effet, réaliser plus de 500 kilomètres d'un seul coup avec une autonomie maximale de 380 kilomètres m'effrayait au plus haut point. D'autant plus que le matin de mon départ, mon GPS m'affichait 532 kilomètres à parcourir, mais que mon autonomie réelle était à 295 kilomètres.
Le GPS intégré à l'auto joue alors un rôle essentiel dans l'histoire, puisqu'il est connecté au réseau Tesla et permet de parfaitement prévoir ses différents arrêts sur les Superchargeurs en fonction de notre trajet et de notre niveau de batterie. Autrement dit, la Tesla me prévoyait un arrêt obligatoire à Beaunes, ville dans laquelle je devais entièrement recharger mes batteries pour espérer arriver à Chambourcy avec 9% de batterie.
J'ai donc roulé jusqu'à Beaunes, où je suis arrivé avec une batterie déjà bien fatiguée. A la fin de ma recharge, j'avais encore 336 km à parcourir pour arriver au parc presse Tesla, à Chambourcy. Cependant, j'ai préféré m'arrêter une dernière fois dans les environs de Auxerre afin d'arriver à destination avec plus de batterie que prévu, par peur de tomber en panne (la voiture estimant mon niveau de batterie à l'arrivée à 6%).
Et figurez-vous que j'ai bien fait, car je me suis lamentablement perdu à mon arrivée en région parisienne, ce qui m'aurait effectivement valu de tomber en panne à quelques encablures seulement du parc presse (même si une simple prise 230V aurait pu me permettre de rejoindre ma destination).
Cette Tesla Model S peut très largement permettre de réaliser de longues distances malgré sa "petite" batterie de 75kW, il vous faudra cependant prévoir plus large que nécessaire afin de ne pas avoir de pépin. Un trajet long courrier à bord de cette voiture est néanmoins très agréable, grâce au confort et à la technologie embarquée.
Galerie photo de l'ami Quentin Decorps
Malheureusement, cette Model S ne convient pas à toutes les bourses, loin de là. Cependant, je trouve son prix tout à fait raisonnable lorsque l'on décide de la comparer à la concurrence, surtout lorsque l'on sait que cette Tesla est un véhicule novateur et 100% électrique. Pour le modèle d'entrée de gamme, il faudra débourser pas moins de 80 000 €.
Sachant que les divers frais d'entretien sont inexistants - hors consommables - et que les nombreux pleins de carburants n'existent tout simplement plus, c'est très vite rentable, surtout pour les plus gros rouleurs. N'oublions pas non plus la prime écologique au moment de l'achat !
Allez poser la question au Bentayga W12 qui a voulu jouer sur l'autoroute.
A l'utilisation, clairement, on est proche du niveau zéro si on omet les particules dégagées par les plaquettes de frein et autres pollutions inévitables. En revanche, il reste toujours la question de la fabrication des batteries, de leur recyclage toujours aussi controversé et bien évidemment celle de la fabrication et de l'acheminement de l'électricité...
Aussi étonnant que cela puisse paraître... oui, quand même ! Les passants se retournent sur votre passage, peut-être subjugués par le silence, ou par les lignes de l'auto, je ne sais pas. Quelques sourires et pouces ont même été aperçus, dingue, non ?
Tesla Model S 75D - 4,4 secondes - 82 700 € | ||
Design | + Plaisir de conduite Couple monstrueux Technologie embarquée | |
Agrément de conduite | ||
Performances | ||
Consommation | ||
Autonomie | ||
Aspects pratiques |
Encore un immense merci à Clément et à Tesla pour le prêt du véhicule.
Merci également à Quentin pour ses superbes photos. Retrouvez son travail sur sa page Facebook !
Mordu de voitures depuis ma plus tendre enfance, j'ai d'abord fondé mon propre blog avant de rejoindre celui-ci en 2016. Grâce à lui, j'ai pu prendre en main quelques unes de mes autos favorites, et grâce à vous, ce n'est pas prêt de s'arrêter. Adepte de la philosophie "light is right", je préfère une 205 Rallye à une Audi A8 Limousine. |
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Anthony Perrier |