Le 17 Juillet 2018, par Thomas Drouart
Qu'on le veuille ou non, il y a des modèles que l'on oublie avec le temps. Aujourd'hui, nous allons nous remémorer des breaks dont nous avions oublié l'existence. Mais en plus, nous allons partir à la découverte de voitures breaks méconnues du grand public. Beaucoup n'ont été tirés qu'à un ou deux exemplaires. Qu'importe, elles méritent leur place dans cet article.
Aston Martin Lagonda Shooting Brake, 1996. Commençons avec l'Aston Martin Lagonda. Vous le savez certainement, il s'agit d'une voiture atypique, dont les séries 2 à 4 prennent la forme d'une berline très très basse, avec une ligne taillée à la serpe. On en voit très peu sur les routes puisqu'à peine plus de 600 exemplaires ont été produits. 638 pour être précis. Ce que l'on sait moins, c'est qu'un richissime propriétaire eut l'envie de transformer sa Lagonda Série 3 en un break de chasse. Une entreprise suisse, Roos Engineering accepta l'opération, moyennant un coût d'environ 40 000 francs suisses, soit l'équivalent de 34 000 €... En 1996 ! Cette même Aston Martin fut vendue aux enchères en 2016, avec une estimation comprise entre 260 et 330 000 €.
Ce break est donc une pièce unique, avec une cellule appliquée en lieu et place de la malle de coffre. D'ailleurs, le coffre s'ouvre grâce à des charnières situées directement sur le toit, pour gagner en accessibilité. Outre l'aspect esthétique, la boîte de vitesse est désormais automatique, avec un nouveau système d'injection, pour plus de modernité.
Aston Martin Kielstra-Lagonda, 1980. Notons qu'un second break a aussi été modifié, une quinzaine d'années avant celle ci-dessus. Il disposait d'un hayon classique et d'une vitrage nettement plus traditionnel et resta davantage dans l'ombre.
Aston Martin DB5 Shooting Brake, 1965. Certains se rappelleront peut de l'Aston Martin DB5 Shooting Brake ? Là encore, il s'agit d'une déclinaison façon break de chasse du célèbre coupé anglais adulé par James Bond. La transformation fut opéré pour le compte d'un certain David Brown... Qui n'est alors autre que le patron d'Aston Martin. Nous sommes en 1965 et il prend possession d'un exemplaire unique, visible ci-dessous.
Sans surprise, l'Aston Martin DB5 Shooting Brake n'a pas été produite en série par la marque. Sa principale fonction était de transporter le chien du boss sans ruiner la sellerie. L'esthétique est assez raffinée, avec une ligne très fuyante, remontant délicatement à l'arrière. La luminosité arrière est excellente grâce à d'imposants vitrages. Particularité : deux essuie-glaces prennent place sur la lunette arrière. Lorsque le grand public prend connaissance de l'existence de ce modèle, les commandes affluent. Mais pour la marque anglaise, une production en série ne serait jamais rentabilisée et c'est non. C'est un carrosserie qui s'attèle alors à transformer des DB5 coupé... en Shooting Brake ! 12 exemplaires verront le jour. Elles sont relativement proches de celles du boss. Par la suite, des DB6 Shooting Brake seront aussi réalisés par ce même carrossier.
Aston Martin V8 Vantage Shooting Brake, 1996. Terminons avec les Aston Martin avec un modèle intéressant également, la V8 Vantage Shooting Brake. Personnellement, c'est un modèle dont j'ignorais l'existence. Fait surprenant, au beau milieu des années '90, c'est le département personnalisation d'Aston Martin qui a opéré les modifications. Une demi-douzaine d'exemplaires ont vu le jour pour un prix que l'on image assez stratosphérique. D'autres breaks furent réalisés depuis une base de Virage, sans que l'on sache réellement qui est l'auteur des transformations et combien de breaks ont réellement été produits. D'autant que certains étaient dotés de 3 portes et d'autres de 5.
Citroën DS break, 1958. Quand on parle de Citroën DS, on pense généralement à la berline. Pourtant, une version break a existé, bien qu'elle soit nettement plus rare. Elle dispose d'un toit à l'horizontale, d'une surface vitrée conséquente. L'arrière est assez ramassée tadis que la ligne est relativement longue. Lors du salon automobile de 1958, à Paris, deux prototypes sont exposés. L'objectif est à la fois de séduire les familles et les artisans. D'ailleurs, il y a une spécificité. À l'arrière, il y a deux plaques d'immatriculation. Une à l'horizontale, la seconde à la verticale. La raison, c'est que le coffre s'ouvre en deux battants. Si le battant du bas est ouvert, une plaque d'immatriculation demeure alors visible. Ingénieux ! Si le nombre d'exemplaires de DS et ID Break est pas connu, il faut savoir que la commercialisation dura pas moins de 16 ans ! Avant d'être remplacée par... Regardez la suite !
Citroën CX Break, 1983. Descendante de la DS, la Citroën CX gagne le cœur des passionnés de la marque. Mais saviez-vous qu'elle fut également proposée en break ? La ligne fut assez classique et inspirée par celle de la DS break. Le coffre est toutefois plus classique avec un imposant essuie-glace. Il se fait appeler CX Evasion dès 1985. En 1989, la carrière de la CX s'arrête, laissant champ libre à la moderne XM. La CX Break gagnera quelques années de vie en plus chez Heuliez, qui s'occupa de l'assemblage. En tout, 128 185 exemplaires de Citroën CX break furent produits... Quand même ! Elle sera finalement remplacée par la XM break.
Tesla Model S Shooting Brake, 2017. Ted est un chien heureux. Son propriétaire, Phil Hayton, a entrepris un projet assez dingue, celui de transformer sa Tesla Model S en break, afin d'offrir plus d'espace à son animal. Il s'est alors attelé à découper la partie arrière de sa Model S, tout en veillant à ne pas toucher aux montants de porte, ni à la partie arrière, afin de conserver l'homologation. La transformation peut être appréciée en vidéo. Le résultat : un break de chasse audacieux et très original. Quelques détails trahissent la modification, comme les vitres arrières avec un léger jour. Bien entendu, il s'agit d'un modèle unique qui a donné des idées à certains... D'ailleurs...
Tesla Mode S Shooting Brake RemetzCar, 2018. Il y a quelques mois, en début d'année 2018, un carrossier néerlandais, RemetzCar, a répondu à l'appel d'un client, désireux d'une Tesla Model S break de chasse. Cette fois, le style est plus fin, tout en conservant les portières d'origine. Le silhouette est élancée, moderne, soulignée par d'épaisses parties chromées et un toit panoramique. D'ailleurs, la société néerlandaise a fabriqué un moule spécifique pour la Tesla Model S Shooting Brake, il est donc possible de passer commande mais attention, le prix de la transformation reste un mystère...
Volkswagen Polo Variant, 1997. Seule une génération de Volkswagen Polo fut proposée en version break. Il s'agit de la troisième (6N). De 1997 à 2001, il était possible d'acquérir la Polo Variant, un petit break qui avait tout pour plaire. Le succès fut toutefois assez limité puisque l'on ne croise que très occasionnellement ce type de carrosserie sur nos routes. Fait notable, cette voiture fut aussi vendue chez Seat, avec le nom de Cordoba Vario ! Là encore, parler de rareté n'est pas un euphémisme.
Bugatti Royale Limousine, 1931. La célèbre Bugatti Royale, type 41 fut produite à 6 exemplaires seulement entre 1926 et 1930, plus un dernier dans les années '60. Nous nous intéresserons ici au châssis 41.131. Initialement, il s'agit d'une version "classique" de cette immense berline de près de 6 mètres de long. Toutefois, un riche industriel a fait appel à un carrossier parisien pour la transformer en coach. Ainsi, une cellule arrière faisait de cette voiture une sorte de break avant l'heure ! Vendue pour plus de dix millions de dollars en 2001, cette Bugatti Royale unique est aujourd'hui préservée par un espagnol qui a souhaité conservé l'anonymat.
Ford Mustang Wagon Intermeccanica, 1966. En 1966, Ford a bien pris conscience du succès de la Mustang. Des berlines et breaks sont à l'étude. Pourtant, ces versions ne dépasseront pas le stade du prototype. Cette même année, trois amis, passionnés de belles carrosseries, ont l'idée de réalisé une Mustang Wagon. L'un d'eux étant designer, le projet avance rapidement. Leur objectif : convaincre Ford de commercialiser le break Mustang. La marque américaine décline l'offre, et officialise l'abandon de ses maquettes internes. Les trois compères renoncent à une production en petite série, du fait d'un coût de revient très élevé. Depuis cette date, la Mustang Wagon Intermeccanica n'a plus jamais fait parler d'elle. Qu'est-elle devenue ?
Callaway Aerowagen, 2017. Après un développement long de quatre ans, le préparateur américain Callaway a enfin commercialisé un kit permettant de transformer toute Corvette C7 en un break de chasse. Esthétiquement, la silhouette de la septième génération de Corvette est conservée. Le toit passe en carbone. Pas sûr que le volume de chargement augmente significativement mais cela apporte une touche d'originalité. Pour obtenir cette transformation, il faut débourser près de 14 000 €. Pour 2 000 € de plus, un petit aileron fixe peut être déposé à l'arrière. Malheureusement pour le public européen, les Corvette "break" sont réservées au marché US !
Peugeot 504 RIviera, 1971. Pininfarina n'a jamais été en panne d'inspiration, sauf peut-être lorsqu'il fallut dessiner le Hyundai Matrix. C'est ce célèbre designer qui a présenté au salon de Paris de 1971, une troisième carrosserie de la Peugeot 504. Aux côtés des coupés et cabriolet, c'est un break de chasse, nommé Riviera, qui prend place. Habillé d'une belle peinture bleue, il plait. Mais le public n'est pas encore très réceptif à ce type de carrosserie. Selon notre collègue de Boîtier Rouge, les catalogues imprimés par Peugeot mentionnaient déjà la Riviera, avant de faire machine arrière et d'annuler cette carrosserie break. Un à deux autres exemplaires auraient été réalisés, rien de sûr. En revanche, la 504 Côte d'Azur a existé en Allemagne. De couleur marron, elle dispos d'un toit ouvrant et de la calandre restylée.
Volvo P1800ES, 1973. Réputée pour être increvable, la Volvo P1800ES fut produite en 1973 à 5 000 exemplaires. Elle dérive directement du coupé en se dotant d'une cellule arrière à l'horizontale. Le pavillon est fuyant, avec une ligne de caisse bien dessinée. Notons qu'un premier prototype de Volvo P1800 break exista en 1969. Pietro Frua, un designer italien, proposa en effet un look un peu trop futuriste pour l'époque, qui ne fit pas l'unanimité chez les décideurs de la marque suédoise.
Ferrari 456 GT Venice, 1996. Le Sultan de Brunei n'est pas vraiment concerné par les soucis financiers. Sa collection de voitures compte plus de 5 000 voitures. Amateur d'exclusivité, il commanda dans le milieu des années '90, pas moins de 14 Ferrari 456 GT. Son souhait ? Deux versions cabriolet, cinq berlines et sept breaks. Pour cette dernière carrosserie, il a fallu entièrement repenser cette belle Ferrari à moteur V12. Notamment en raccourcissant les portes avant et en allongeant l'empattement. C'est Pininfarina qui se chargea de la modification. Depuis, le Sultan de Brunei s'est lassé. Ces Ferrari 456 GT Venice transformées en 1996 ont été revendues et certaines roulent dans Londres.
Ferrari 250 GT Breadvan, 1961. Difficile de résister à glisser un mot sur une Ferrari emblématique, la Ferrari 250 GT Breadvan. Breadvan, d'ailleurs, cela signifie four à pain. Une image assez marrante puisque l'arrière est parfaitement verticale, avec une lunette arrière de format carré. C'est par défi et revanche que le pilote Giovanni Volpi décide de surpasser les Ferrari engagées officiellement aux 24 Heures du Mans. Il décide alors d'améliorer l'équilibre de la voiture et ses performances en recourant à des artifices, comme cette carrosserie typée break. Malheureusement, cela ne paya pas. Aujourd'hui, cette voiture existe toujours, sa cote a explosé. Elle fut malheureusement accidentée en 2015, mais réparée depuis ! Ouf !
Ferrari FF, 2014. Pour le plaisir, une dernière Ferrari. La marque italienne remplaça la 612 Scaglietti par la FF. Une Ferrari au look de break de chasse, capable d'accueillir très confortablement quatre personnes à son bord. Bien que surpris, les fans de la marque ont rapidement accroché. Il faut dire que la ligne est assez sexy, avec une ligne de caisse très dynamique, un arrière profilé avec des feux enclavés et un profil équilibré. La Ferrari GTC4 Lusso, qui est officieusement un restylage de la FF, conservera cette ligne.
Cadillac CTS-V Sport Wagon, 2010. Dès 2010, Cadillac proposa une carrosserie break à la CTS et notamment la version la plus radicale, la V, et son V8 de 564 chevaux. Bien que commercialisée, les volumes de vente restèrent faibles. Un break dont les lignes sont taillées à la serpe, privilégiant ouverture le style aux aspects pratiques. On n'en attendait pas moins de cette marque qui a toujours cultivé sa différence. Malheureusement, la Sport Wagon n'a pas été reconduite chez Cadillac. Dommage.
Cadillac Fleetwood Station Wagon, 1959. Juste pour le plaisir, remontons le temps d'un demi-siècle. Voici la version break de la Cadillac Fleetwood. Vous étiez certainement plus habitué à la version de GhostBusters ou aux corbillards. Pourtant, cette version familiale a bien existé, bien qu'elle soit difficilement trouvable de nos jours puisque seulement six exemplaires ont été réalisés, pour le compte d'un hôtel. Elle peut accueillir pas moins de 11 personnes, réparties sur quatre rangées, tout en conservant un bon volume de coffre. D'ailleurs, voici un lien contenant plus de photos.
Lynx Eventer, 1982. Guy Black choisit le nom de Lynx Eventer pour présenter sa vision d'un break, sur base de Jaguar XJS. Il réalisa un prototype très séduisant, avec une ligne presque infinie, tout en conservant la structure générale du coupé. Ce carrossier réalisa pas moins de 67 break sur XJS, entre 1982 et 2002. Réalisée entièrement à la main, chaque voiture fit l'objet d'un soin tout particulier. Il subsiste toutefois des doutes quant à la réelle quantité de Jaguar XJS transformées en Lynx Eventer...
Sur le papier, un break, ça a tout pour plaire. C'est plus sexy qu'un monospace et ça garde l'allure générale d'une berline. Seulement voilà. Les berlines sont supplantées de nos jours par les SUV. Les breaks demeurent aujourd'hui de plus en plus rares. Les constructeurs en proposent de moins en moins. Par exemple, il n'existe plus de Renault Clio ou Peugeot 208 break. Le break "pratique" ne séduit plus. Pour trouver des breaks à profusion, il faut alors s'orienter vers de grosses cylindrées, à l'image des Audi RS4 ou RS6, pour ne citer les modèles sportifs que d'une seule marque. Certains breaks actuels entreront-ils dans la postérité ? Difficile à dire... Si vous connaissez des breaks rares et méconnus, vous pouvez nous contacter.
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |