Le 14 Janvier 2019, par Etienne Deketele-Kestens
La Toyota Supra nous revient, en ce début d'année 2019. Le menu est assez costaud, avec un style très racé et dynamique, et une motorisation qui fait du bien, après une ère WLTP très dure. En attendant, cette cinquième génération a un dur labeur à réaliser, qui est de remplacer un mythe, après un vide laissé pendant 17 années !
Force est de constater que tout a bien changé. En 1993, la Supra Mark4 sort avec un 6 cylindres atmosphérique Toyota de 220 chevaux, et un style élancé, mais sage. On arrive 26 ans plus tard avec l'ajout d'un turbo, de toute une panoplie de technologies en tous genres, un design (trop ?) musclé, et, surtout, un partenariat. Alors, est-ce que la dernière Supra sera capable de faire chavirer les cœurs des vrais amateurs de ce modèle ?
Commençons d'abord par un aspect purement personnel : le look. Il faut savoir que la Toyota Supra Mark5 a été teasée pendant un grand moment. En effet, cela fait plusieurs mois que Toyota fait fuiter des images, avec camouflages ou pas. Au final, la bête est dévoilée officiellement à la mi-janvier, et force est de constater qu'elle ressemble très fort au concept FT-1. Jusqu'à là, ce n'est pas grave, mais le fait est que ce concept date de 2014, et que peux d'évolutions sont apparues par rapport à ce projet. Ne cachons pas notre déception, mais il faut tout de même dire qu'elle mettra une claque à certaines marques, adeptes du fade. De plus, certains clins d’œil ont été faits à l'ancienne génération, et nous allons analyser cela de plus près...
Au premier visu, c'est vrai que l'on remarque que l'ancienne génération arborait un style plus âgé, mais qui ne prendra de toutes manières jamais une ride. La nouvelle, elle, fait plus dans le démonstratif. Ainsi, la face avant arbore un bouclier avec trois énormes aérations dans le pare-chocs, ainsi que deux prises d'air joliment placées en bas des optiques. Ces mêmes optiques adoptent une forme étirée, ce qui a pour but d'asseoir la Supra et de la faire paraître plus large. L'éclairage est à LED, mais le dessin à l'intérieur des phares est le même que la quatrième génération, avec trois bulbes. Base BMW oblige, un long capot constitue le museau de la sportive japonaise, ou du moins, ce qu'il en reste. Il faudra aussi noter un dessin de toit très bien réussi, avec un genre de vallonnement, améliorant encore une fois l'aspect sportif.
C'est en jetant un regard au flanc que l'on remarque que le capot est immense. On remarque aussi une grosse épaisseur au niveau des passages de roues arrière ; un design tout en rondeur mais dynamique, c'est une belle réussite de Toyota ! La Supra chausse des jantes de 19", avec deux styles disponibles, habillant assez bien la sportive. Elles sont en aluminium forgé, bi-colores ou complètement noires, et laisse une vue béante sur les énormes disques de freins Brembo.
Pour terminer, on passe sur l'arrière. On remarque une autre similitude avec l'ancienne génération grâce à l'ajout d'un spoiler plein. Exit les échelons très voyant, Toyota revient sur un plus petit modèle, mais tout aussi efficace aérodynamiquement, et nécessaire à la ligne. La face de derrière est, elle aussi, tout aussi probant. Entre le dessin des optiques arrières et de la sortie d'air dans la continuité, ou encore un énorme diffuseur noir avec deux bonnes sorties d'échappement et un autre genre de "spot" à LED servant d'antibrouillard et de feu de recul, à l'effet Formule 1. Au final, la Toyota Supra nous revient méchante, avec une grande envie de se refaire un nom dans les coupés sportifs.
Pour ce qui est de la mécanique, c'est toujours un grand regret quand un partenariat est fait sur un véhicule aussi exclusif. La Supra d'antan, elle respirait le Japon de A à Z. Je vous rappelle que la MK4 a été commercialisée avec deux 6 cylindres : un atmosphérique de 220 chevaux, et un bi-turbo de 330 chevaux. Tout ça, c'est sans compter les préparateurs, ayant fait de la Supra LA voiture des tuners, en lui faisant sortir plus de 1.000 chevaux parfois ! Ils seront sûrement déçus, comme un bon nombre de fans de Toy' (et des marques japonaises en général) que c'est BMW qui a mis son nez dans cette Supra. Comme elle reprend la base de la Z4 fraîchement dévoilée, l'ensemble moteur-boîte-pont sont identiques. Sous le long capot, un 6 cylindres en ligne 3 litres turbocompressé prend place. Développant 340 chevaux et 500 Nm de couple, force est de constater qu'elle n'a pris que 10 chevaux (mais 60 Nm) en plus de 20 ans, en utilisant la même architecture moteur... Notons cependant que le couple maximal est disponible sur une plage énorme, allant de 1600 à 4500 tours/minutes.
Le second hic pour les puristes, c'est la suppression pure et simple de la boîte manuelle. De nouveau, ce sera une boîte automatique à 8 rapports de chez BMW. Il est bien heureux que cette Supra reste une propulsion, elle ne s'appelle pas xDrive ! Un différentiel allemand aidera fortement à la motricité. Il devrait être efficace, en ayant été bien étrenné par les M2, M3 et M4. Enfin, finie la joie des tours que prenait l'ancien 6 cylindres de la quatrième génération. À cause du turbo, la puissance maximale est atteinte à 5000 tours, alors que le moteur commencera déjà à s’essouffler après 4500 tours...
La Toyota Supra est donc une BMW Z4, mais sans toit ouvrant. Ce dernier, gage de lourdeur, va permettre à la sportive de gagner de précieuses secondes sur l'exercice du 0 à 100 km/h. En effet, les japonais nous annoncent un temps de 4,3 secondes, ce qui est plus rapide que l'allemande de 0,2 seconde. La Supra plafonnera à 250 km/h, à cause d'un limiteur électronique. Aucun pack performance n'est prévu pour le moment, qui aurait pour conséquence de désactiver ce limiteur, et de pousser le six-en-ligne dans ses derniers retranchements.
Sur la route, la nippone devrait très bien se débrouiller. La répartition du poids (qui est inconnu) est idéale, soit 50% sur chaque essieu. Et ça, c'est grâce à Toyota, qui a pu garder la main mise sur le châssis, et ainsi déplacer la position du moteur d'un rien afin d'obtenir un rapport idéal. Et, pour continuer sur une si bonne lancée, Michelin a été choisi pour habiller les jantes de la Supra. Des Pilot Super Sport ont été choisis. La tenue de route sera donc au beau fixe, avec un bon grip, mais aussi un empattement très court (plus court que la petite sœur GT-86), favorisant un bon équilibre lors des mises en appui. Avec tout ça, il n'y aura pas d'excuse pour celui qui nous fera une sortie de route !
On arrive sur le point qui rebutera sûrement l'achat de beaucoup de clients potentiels. L'intérieur de la Supra n'est pas en phase DU TOUT avec l'extérieur. Honnêtement, nous sommes très déçus de la neutralité des matériaux choisis. Le tout a l'air d'être parfaitement bien assemblé, un point fort de chez BMW, mais pour le reste, c'est aseptisé, tout bonnement. Dans sa livrée classique, le noir est la couleur omniprésente, excepté les surpiqûres des sièges. Autant annoncer directement ce qui nous déplaît le plus. D'abord, le volant est d'une morosité impensable. Supra rime avec sport en langage automobile, et, en 2019, un volant avec méplat, avec des touches de rouge ou des éléments chromés est la base sur une voiture qui revendique un feeling dynamique. Or, ici, rien de tout cela. C'est bien simple, si l'on ne prend que le volant, c'est celui d'une Yaris. Et ça, c'est un peu dommage.
Ensuite, on remarque assez facilement qu'il n'y a pas vraiment eu de changement sur l'interface multimédia. De nouveau, BMW fait très bien le travail, avec un écran bien implanté, qui sera réactif, à commandes tactiles ou via une molette. Cependant, retrouver un mode Individual, comme sur chaque BMW, c'est un peu bête. Il en va de même pour le levier de commande de la boîte. Aussi, une séparation inédite entre le conducteur et la console centrale prend place, ce qui est un peu déroutant lorsque Toyota parle de "conducteur au centre de l'attention" dans son cockpit. On l'aurait, en effet, prononcé Enfin, les commandes de climatisation ainsi que les boutons de stations de radio sont un peu dépassées, ce qui alourdit la note.
Mention spéciale pour les sièges, qui sortent du lot. Le maintien a l'air vraiment efficace, et c'est une bonne touche de sportivité dans la dernière Supra. Le conducteur a aussi droit à un compteur sur écran de 8,8", très axé sur le sport aussi. Le compte tour prend une bonne partie de la place de cet écran, avec, au centre, le rapport enclenché dans la boîte. L'affichage de la vitesse se glisse sur le côté gauche du cercle central.
Pour conclure, si vous désirez apporter une belle couleur rouge vive à votre intérieur, et si le gris ne vous rebute pas comme couleur extérieur, et que, enfin, vous avez envie d'une Supra rapidement, les 90 premières livrées en Europe seront dans une série spéciale GR Supra A90 (GR comme Gazoo Racing) !
Aïe, nouveau coup dur pour les puristes. Vous avez déjà vu que la techno s'invitait allègrement dans cette nouvelle Supra, avec deux écrans et des optiques à LEDs, en plus de l'obligation d'avoir une boite automatique. Nous ne vous avions pas encore parlé des aides à la conduite que le coupé propose. Nous aurons donc droit à un freinage automatique d'urgence, un Cruise Control adaptatif, un contrôle du changement involontaire de voie, et tout ce que proposent les voitures de notre siècle. Tout ça sera de série sur le premier niveau de finition. La version plus haute amène encore un affichage tête haute et un habillage des sièges en cuir. Notez qu'une suspension pilotée est disponible de série !
Oui, mais pas pour nous ! En effet, le partenariat avec BMW fait que la Supra aura droit, dans les contrées asiatiques, à des 4 cylindres, de 197 et 258 chevaux. Ce sont les mêmes blocs que dans la Z4, mais, comme cette dernière aura sûrement moins de succès en Asie, il faut bien lui conserver un public en Europe. La Toyota Supra ne bénéficiera pas de ces motorisations plus basiques, qui sont, tant que maintenant, réservées à la GT-86. Cependant, est-on sûr qu'elle aura droit à une génération supplémentaire ?
Si vous ne l'aviez pas encore remarqué, la Supra ne nous séduit qu'à moitié. Nous pensons que le partenariat avec BMW était une erreur pour tout ce qui est visuel. Il reste encore à voir au niveau de la motorisation : le 6 en ligne fera le job, mais nous sommes certain qu'il n'égalera pas celui de l'ancienne génération. A sa décharge, Toyota n'aurait jamais su sortir une Supra sans BMW, donc, on se contentera de ce que l'on a ! Enfin, rangeons notre haine et disons nous que la voiture a encore, peut-être, un avenir, malgré toutes les mesures contraignantes !
De la Smart à la Bentayga, je peux dire que je suis complètement obsédé par le monde de l'automobile. Intégrer l'équipe de PDLV et pouvoir vous donner ma vision des nouveautés chaque jour est quelque chose de génial pour moi. Ma "carrière" de blogueur a débuté il y a quelques années, et ceci, cumulé à mes études en mécanique auto, me permettront de vous proposer un contenu de qualité, tout en gardant le côté décalé cher à PDLV. |
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