Le 18 Septembre 2019, par Thomas Drouart
Cela fait quelques jours que la Porsche Taycan de série a été dévoilée. Je dois vous avouer que j'ai longtemps hésité à faire ce post. Plutôt que de faire une énième présentation de la première voiture 100% électrique de Porsche, je vous propose de nous pencher sur 5 polémiques qui entourent la Taycan. Largement teasée par le concept-car Mission E, la Taycan apparaît plus aseptisée. Et les informations distillées ne semblent pas faire l'unanimité...
En 2015, le concept-car Porsche Mission E a choqué les puristes qui ont vu d'un mauvais œil l'arrivée d'un modèle électrique, craignant qu'à terme, le Flat-6 ne finisse par quitter le catalogue. D'un point de vue purement esthétique, la Mission E était assez réussie, avec un style très marqué et cohérent. Le design s'articulait autour de phares très stylés, de grandes arches de roue, d'un arrière très large dont le bandeau lumineux sera par la suite repris sur toute la gamme.
Fatalement, la Taycan en reprend les ingrédients. Mais à vrai dire, le look s'est considérablement assagi. Les arches de roues sont très classiques, les bas de caisse se standardisent, on note des rétroviseurs classiques, la trappe de recharge reprend un look conventionnel. Le profil ressemble beaucoup à celui de la Panamera... Et vu de derrière, c'est encore plus frappant. Longtemps teasée, Porsche nous laisse quelque peu sur notre faim avec la Taycan. D'un concept-car prometteur, on aboutit à une voiture très classique visuellement. Les jantes bitons et les phares constituent certainement les seules vraies originalités de cette voiture. De quoi décevoir quelque peu même si le modèle n'est pas laid pour autant.
Pour l'heure, deux niveaux de puissance sont proposés sur la Taycan. On découvre alors une Taycan Turbo et une Taycan Turbo S. Forcément, parler de turbo pour une voiture électrique, c'est assez curieux. Beaucoup ont tourné cela en ridicule. Mais revenons un petit peu en arrière. Lors du restylage des 911 type 991, en 2015, le 6-cylindres à plat des versions Carrera est passé à la suralimentation par Turbo. Ainsi, les 911 Carrera et Turbo disposaient toutes deux de turbos...
Porsche n'a peut être pas communiqué de la bonne manière... La stratégie de la marque a consisté à définir "Carrera" et "Turbo" comme une hiérarchisation de la gamme, qu'il ne faut pas prendre au sens propre. D'un point de vue historique, c'est quelque peu dérangeant aussi, c'est vrai. Et pour la Taycan, c'est d'autant plus choquant. Espérons que Porsche améliore sa communication sur le sujet, à défaut d'avoir opté pour une nomenclature spécifique à ses modèles hybrides ou électriques.
La Porsche Taycan Turbo est vendue à partir de 155 552 €, hors options. La version Turbo S culmine même à 189 152 €. La concurrente de cette version, la Tesla Model S P100D s'affiche à 101 700 €. Un écart de prix très conséquent en défaveur de la Taycan, légèrement moins performante. Là encore, cela amuse beaucoup sur les réseaux sociaux et cela peut se comprendre. Pourtant, malgré des tarifs très élevés, plus de 20 000 Taycan avaient été précommandées avant même la sortie officielle.
Dans tous les cas, il s'agit d'un premier jet pour Porsche. Tesla a d'ailleurs descendu drastiquement les prix de ses modèles, jusqu'à 50 000 € pour chacun. L'écart avec Porsche est donc très important pour le moment. La marque allemande, quant à elle, n'a pas pour coutume de tirer les prix de vente vers le bas. La demande étant forte, Porsche n'aurait aucun intérêt, pour le moment, à faire cela. D'ailleurs, une option à 504 € permet d'améliorer le son via les haut-parleurs, pour que ce soit plus mélodieux et sportif à l'oreille. En revanche, faire sa carte grise sur internet ne vous coûtera pas grand chose ! Vous toucherez même une aide de l'état de 6 000 € en guise de bonus écologique.
C'est indéniable, la Porsche Taycan fait office de figure technologique. C'est un petit peu la vitrine du moment, le modèle que l'on exhibe et qui est à la mode. Porsche s'étant engagé en Formule E, l'électrique c'est clairement la carte à jouer du moment. On imagine que les ingénieurs en charge de la Taycan ont du être confrontés à d'importantes problématiques. Par exemple, présenter les versions Turbo et Turbo S, cela permet d'afficher de belles puissances, de faire rêver (pas tout le monde, je vous l'accorde) mais en contrepartie, les prix de vente piquent les yeux. Porsche a d'ailleurs pour habitude de présenter les versions sportives avant les déclinaisons classiques.
Pour autant, tout le monde n'a pas utilité d'un véhicule de 600 ou 700 chevaux et on peut se demander s'il n'aurait pas été préférable de dévoiler dès le début une Taycan plus raisonnable et accessible, pour rivaliser avec la Tesla Model S 100D dont le ticket d'entrée est fixé à 85 000 €. L'image élitiste entretenue par Porsche pourrait bien se retourner contre elle...
Porsche est une marque très attachée à son image et rien n'est laissé au hasard. D'ailleurs, le 26 août 2019, avant même sa présentation, la Taycan a homologué le temps de 7 minutes et 42 secondes sur le Nürburgring, devenant la voiture électrique quatre portes la plus rapide. Même si la pratique est habituelle pour une 911, on s'interroge sur l'intérêt de ce record... D'autant plus que Tesla aurait déjà répliqué avec une version Plaid survitaminée de sa Model S.
Le temps au tour sur le Nürburgring sera-t-il vraiment un levier d'achat pour les acheteurs de Taycan ? Nous, on doute sérieusement. L'autonomie annoncée, en revanche, cristallise souvent l'attention de ceux qui s'intéressent à la voiture électrique. Et là encore, avec Tesla en face, il y a fort à faire.
Nous n'avons pas encore eu l'occasion de tester la Porsche Taycan mais nous ne manquerons pas de le faire dès que l'occasion se présentera. Toutefois, les éléments dont nous disposons nous laissent comme un goût d'inachevé. À coups de teasers aguichants, de concept-cars innovants, Porsche nous "pond" au final une voiture qui semble assez classique et pas vraiment révolutionnaire. Si l'électrique est vu comme la voiture de l'avenir, la Taycan nous laisse un goût d'inachevé. On aurait voulu davantage avoir les yeux qui pétillent. Finalement, elle semble tenir davantage d'une Panamera électrique plutôt que d'un modèle offrant un écosystème unique et innovant.
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |