Le 12 Janvier 2017, par Thomas Drouart
Chez Palais-de-la-Voiture, nous affectionnons tout particulièrement les petites voitures légères à moteur essence. Aujourd'hui, c'est un essai aux antipodes de nos standards que nous vous proposons. C'est au volant de la BMW Série 5 Diesel que je me suis retrouvé, le temps d'un essai. Je ferais abstraction de mes préjugés anti-Diesel pour un essai des plus objectifs. Prêt(e) ?
Rendez-vous est donné à 10 heures à la concession de Laval pour prendre les commandes d'un modèle de la marque à l'hélice. Hésitant entre une Série 3 et une Série 5, c'est finalement cette dernière qui m'accompagnera le temps de quelques heures.
La belle est un modèle 520d, en version Touring et avec toutes les options inimaginables. Soyons francs, ce n'est pas le type de modèle vers lequel je m'oriente habituellement. Mais il faut voir de tout et qui sait ? Peut-être une bonne surprise se trouve à la clé ?
La Série 5 est un modèle peu répandu certes, mais qui a toujours eu (et c'est encore le cas actuellement) son public. Sous le capot, c'est généralement un moteur Diesel qui officie. Le modèle ici présenté me permettra donc de répondre à une problématique : Peut-on prendre du plaisir au volant de ce volumineux break ? La réponse est oui, mais pas à 100 %. Faisons une revue de détails.
Les BMW, quel que soit le modèle, ont toujours fait leur petit effet. Ce sont des modèles statutaires, qui incarnent pour beaucoup, la Deutsch Qualitat. Le premier regard sur ma Série 5 d'un jour est effectivement positif : "Elle claque !"
C'est un modèle assez massif, imposant mais cohérent esthétiquement. Le fait qu'il s'agisse d'un break y contribue, je l'admets. Sous sa robe noire, la belle accueille en prime le fameux pack M, reprenant les lignes principales du fleuron : la M5.
C'est un design musclé, élancé et équilibré. Sur ce point, le bilan est positif. Les multiples regards aimantés par ce break en sont les parfaits témoins. Un pack M sur un modèle qui n'a rien de Motorsport, cela peut interpeler, c'est certain. Mais comme le souligne Charles, chef des ventes de la concession, "c'est une finition" et non une imitation.
Ce pack M comprend des jantes de 18 pouces, des pare-chocs avant et arrière ajourés et quelques touches sportives dans l'habitacle avec des "M" frappés un peu partout. C'est une finition haute qui équipe cet exemplaire de fin 2015, revenu du parc presse BMW, et bénéficiant de très nombreuses options.
Venons-en aux présentations plus en détails. Le modèle que nous avons est une 520D xDrive finition Pack M. Décryptons. Le 520d est un bloc de cœur de gamme, délivrant 190 chevaux avec une transmission intégrale, une boîte automatique à huit rapports (avec palettes au volant, c'est très sympa) et le fameux Pack M.
Sans surprise aucune, c'est une voiture imposante qui change radicalement de nos sochaliennes ! Mais on s'y sent rapidement bien. De nombreuses aides sont là pour guider le conducteur : radar de recul à l'avant comme à l'arrière avec guidage par caméra, Front Assist et autres éléments de sécurité. La prise en main est ainsi très facile.
La boîte automatique n'y est sûrement pas étrangère. Son maniement est d'une rare simplicité et conviendra aux gros rouleurs tout comme ceux qui font de la ville (bien qu'on ne roule pas en Diesel en ville, mais c'est un autre débat).
Là, vous vous demandez certainement ce que nous pensé de la motorisation ? Nous allons y venir bientôt, en toute objectivité !
Le cliché prônant la suprématie de la qualité de finition allemande est toujours d'actualité pour pas mal de personnes. Et bien, il faut bien admettre que l'habitacle de notre Série 5 Touring (génération F10 mais F11 pour le break), ne déroge pas à la règle.
Les assemblages sont d'un très bon niveau, avec des matériaux flatteurs au toucher et à l'œil. Intégralement noir, l'habitacle de notre Série 5 est assez terne. Heureusement, des touches d'aluminium viennent l'égayer. Le dessin de cette planche de bord est dans l'ère du temps, sans exubérance.
Niveau assise, que dire ? Les sièges semi-baquets offerts dans la finition Pack M procurent un excellent maintien. Ils sont réglables électriquement et chauffants au besoin. C'est purement gadget mais je n'ai aucun doute qu'il s'agit là d'équipements dont on se passe difficilement par la suite.
Le volant est compact mais ergonomique, il mélange plusieurs matériaux, tantôt mous tantôt durs. Les commandes tombent bien sous la main et sont assez intuitives. Étant davantage adepte du "light is right" de sieur Chapman, je n'ai pas été (trop) dépaysé.
Je vous épargnerai les volumes de coffre au cm3 prêt, l'espace aux coudes à l'arrière, la taille de la boîte à gants ou encore le nombre de paquets de chips que l'on peut rentrer dans les vide-poches. Mais l'espace à bord est relativement vaste, avec peu de rangements toutefois, mais une famille avec deux enfants y trouvera sans aucun problème son compte !
Avec 5 mètres de long, c'est un habitacle spacieux, assez lumineux (le large toit panoramique est un vrai régal) et dans lequel on se sent bien. Il est assez aseptisé en revanche si bien que l'on oscille entre le cockpit d'un avion, avec des commandes dispatchées un peu partout, et le salon de votre grand-mère, avec ses fauteuils durs mais au final, très confortables.
En allumant le contact, on y découvre un compte-tour entièrement digital, avec une zone rouge débutant à 5 500 tr/m (et non 4 500 tr/m comme beaucoup de Diesel) et des éclairages à la fois doux et agréables. Vraiment, on s'y sent très bien et un peu isolé de l'extérieur.
Ce qui serait un inconvénient pour un moteur essence devient un atout pour un moteur Diesel : on entend relativement peu ce 4-cylindres de 2.0 litres se fait même rapidement oublier. Les premiers mètres se font sans difficulté et on savoure l'agrément offert par cette boîte automatique ZF à huit rapports.
La conduite est très douce, sans saccade, et le xDrive (transmission intégrale) apporte un certain confort en ces temps frais. Pour le moment, c'est plutôt une bonne surprise. Mon sens de l'orientation me fait rapidement défaut et deux à trois perditions s'enchainent, m'imposant des manœuvres, qui s'exécutent sans le moindre problème : quelle souplesse !
Premier spot photo, je m'arrête, position Neutre du levier de vitesse et descend, laissant quelques secondes au turbo pour baisser en régime, avant de couper le contact. Et là, le bruit de la mécanique est très présent. Une sonorité typique des Diesel, pas vraiment engageante.
La gamme BMW Série 5 s'articulent autour de 6 motorisations Diesel que voici :
• 518d, 4-cylindres de 150 chevaux
• 520d, 4-cylindres de 190 chevaux
• 525d, 4-cylindres de 218 chevaux
• 530d, 6-cylindres de 258 chevaux
• 535d, 6-cylindres de 313 chevaux
• M550d, 6-cylindres de 381 chevaux
Des mécaniques essence sont elles aussi au programme... Et heureusement ! En 4 et 6 cylindres et même en V8 pour la M5.
La 520d se positionne parmi les plus basses motorisations, ce qui n'est aucunement rédhibitoire puisqu'il faut répondre à tous les besoins. À basse vitesse, les reprises sont amplement suffisantes, tandis que les 4-roues motrices apportent un sentiment de sécurité.
On en parvient même à oublier qu'il s'agit d'une mécanique tournant au gazole tant le moteur se fait discret. Le mode Sport, propre au Pack M, permet de profiter d'un tempérament plus réactif dans l'ensemble. D'un avis purement personnel, la différence n'est pas flagrante. Mais les compteurs à fond rouge en imposent !
Fiche technique |
Dimensions | 4,91 x 1,86 x 1,47 mètre | |
Poids | 1 915 kg | |
Boîte de vitesse | Automatique, 8 rapports | |
Transmission | Intégrale | |
2.0 litres turbo 4 cylindres en ligne 190 chevaux 400 Nm 10CV | 0 à 100 km/h | 8"2 |
Vitesse max. | 220 km/h | |
Consommation mixte | 5,1 L / 100 km | |
Prix de base | 51 660 € |
Avant de parler de l'agrément, il convient de resituer la Série 5 dans la gamme BMW. Il ne s'agit pas d'une sportive (pour ça, il y a la M5) mais d'une routière dynamique et suréquipée pour avaler les kilomètres. Passé cela, je comprends que je ne pourrais pas attendre les mêmes choses de ce gros break Diesel que d'un petit roadster essence (Non, je n'ai pas cité la MX-5).
Les accélérations sont franches et très linéaires, les vitesses passent d'une manière très discrète. Mais avec près de 2 tonnes sur la balance et un niveau de confort aussi riche, la 520D est aseptisée et gomme les sensations de vitesse si bien que l'on aurait vite fait de commettre un excès de vitesse. Heureusement, la vitesse s'affiche directement sur le pare-brise et dans le champ de vision du conducteur : un très bon point !
Pour un usage quotidien, la 520d xDrive est tout à fait adaptée, même chargée. Le 4-cylindres suralimenté de 190 chevaux permet même l'épreuve du 0 à 100 km/h en 8 secondes. Dans les faits, c'est peu perceptible et je m'attendais à des performances nettement inférieures une fois au volant.
Heureusement, la boîte de vitesse est réactive et s'adapte rapidement à toutes les circonstances, ce qui permet de ne pas trop ressentir cette puissance assez modeste malgré 400 Nm de couple.
Pied au plancher et moteur chaud, la 520d s'élance rapidement, l'aiguille s'affole sur le compte-tour et enchaine les rapports aussi vite à une vitesse impressionnante. À ce moment là, les 190 chevaux répondent tous présents mais l'on n'est pas collé au siège, ce qui n'a rien de choquant pour une routière.
En tant que fervent anti-Diesel, vous vous attendez peut-être à ce que je descende de long en large cette Série 5, mais ce ne sera pas le cas. Comme pour tout modèle, il y a du bon et du moins bon.
Le moteur n'est pas un coup de cœur, c'est certain, mais il demeure homogène et largement suffisant pour le commun des mortels. Pour une routière, il n'en faut pas nécessairement plus puisqu'elle dispose d'une réserve de puissance suffisante. Les 190 chevaux conviennent assez bien mais ce moteur manque de caractère et ses vocalises sont inexistantes. Dans les tours, le rendu des haut-parleurs devient assez artificiel, comme chez beaucoup de constructeurs.
Néanmoins, ce n'est pas sous le capot que se trouve le plaisir, c'est d'abord visuellement. Ainsi équipée, la 520d est tout de même sacrément élégante, il n'y a qu'à récolter les avis du "public" pour s'en rendre compte.
Ce n'est pas pour autant une voiture de frime (même si elle peut remplir cette mission), c'est un salon roulant, avec de nombreux équipements de confort et de sécurité pour une belle expérience de conduite. On s'y sent en sécurité avec un ordinateur de bord prêt à prendre la relève pour gérer une situation à risque.
Et il ne faut pas oublier cet intérieur généreux, spacieux et confortable qui donne envie d'y rester plusieurs heures. Là-dessus, on s'imagine bien arpenter les autoroutes munichoises des heures durant. Et je dois dire que de temps à autre, on apprécie !
Bien sûr, il y a des éléments qui fâchent, plus ou moins fortement. Je pourrais commencer par le prix, relativement élevé quand on pioche aussi généreusement dans le catalogue des options ! Heureusement, la bonne finition vient soulager la douloureuse.
Il y a également cette mécanique qui manque de caractère, à la sonorité décevante. Nul doute qu'avec une cinquantaine de canassons supplémentaires, le bilan serait meilleur. Mais là encore, cela dépend des usages et je n'ai pourtant pas une conduite agressive.
Un point qui m'a interpellé aussi est le poids très élevé de ce paquebot sur roues, qui diminue le dynamisme et gomme les sensations. Pour pallier le problème, on pourrait être tenté d'enfoncer davantage l'accélérateur, ce qui est assez trompeur. Mieux vaut utiliser le régulateur de vitesse.
Oui, sans aucun doute. Je ne porterais jamais ce carburant dans mon cœur. Néanmoins, cet essai m'a montré une Série 5 cohérente dans son ensemble. Et finalement, ce bloc lui va même plutôt bien, même si la 525d serait sans doute plus adaptée. Avec une consommation moyenne estimée à 5 litres, on pourra difficilement faire mieux.
Pour un usage de tous les jours, oui, sans aucun doute. Il ne faut pas chercher la performance avec un cœur de gamme. La 520d est un bon compromis.
Une finition Motorsport sur un petit moteur Diesel, c'est un peu dérangeant, il faut bien l'admettre. Il faut se convaincre qu'il s'agit d'une ambiance sportive et non de prétention.
La 520d Touring est une bonne voiture, bien née et très équilibrée. Elle mérite son titre de bonne routière, malgré un poids élevé. Sa transmission est vraiment adaptée, souple, agréable et répondante, une très bonne surprise. L'habitabilité est aussi d'un bon niveau (en tout cas, bien supérieure aux modèles que nous testons habituellement).
Malgré cela, le moteur manque de piquant, c'est mon plus grand regret et surtout d'une âme. Malheureusement, c'est le cas pour la très grande majorité des moteurs Diesel présents sur le marché actuellement. Il y a aussi le fait que disposer d'une "petite" mécanique avec un modèle dans une finition à vocation sportive peut surprendre, mais c'est aujourd'hui ce que demandent les gens. Le choix du moteur, pourvu qu'il consomme peu, est souvent assez secondaire.
BMW 520d xDrive Touring - 190 chevaux - 51 660 € | ||
Design | + Intérieur de qualité Équipement riche Boîte de vitesse | |
Agrément de conduite | ||
Performances | ||
Consommation | ||
Autonomie | ||
Aspects pratiques |
Pour conclure, je n'ai pas le profil de l'acheteur d'une Série 5 Touring. Mais cet essai m'a permis de prendre en main un modèle qui change de l'ordinaire et je ne regrette pas l'expérience. En toute objectivité, le moteur Diesel de cette 520d ne m'a pas séduit mais je peux comprendre ce qui pousse les acheteurs à s'orienter vers ce type de motorisation. Dans les faits, c'est plus un modèle et un standing que les gens achètent, le choix de la motorisation est souvent secondaire.
Merci à Adeline A. et Charles A., de la concession BMW de Laval pour le prêt de cette sympathique BMW.
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
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Thomas Drouart |