Le 4 Janvier 2017, par Thomas Drouart
Quand un modèle connait un beau succès, il est assez logique de lui offrir une descendance. Les constructeurs automobiles offrent parfois 10 générations ou plus à un même modèle, en le faisant évoluer plus ou moins subtilement. Impossible pour nous de tous les recenser, pour ce premier numéro, nous nous concentrerons sur quatre modèles emblématiques, avec des anecdotes. Prêt(e) ?
Comment ne pas commencer cet article par la Porsche 911 ? La première génération remonte à 1963. À cette époque, elle remplaçait la Porsche 356 dont la conception était déjà bien ancienne. La 911 s'est rapidement imposée comme le fer de lance de la marque de Stuttgart. Au fil des générations, elle a su garder son identité et évoluer en subtilité... Du moins en apparence !
Combien de générations ?
7 en tout, depuis 1963. La production continue encore aujourd'hui.
De 1963 à 1973 : 911 type 901 (ou Classic)
De 1973 à 1989 : 911 type 911 (ou Type-G, Classe-G, Série-G)
De 1988 à 1994 : 911 type 964
De 1993 à 1996 : 911 type 993
De 1997 à 2005 : 911 type 996
De 2004 à 2012 : 911 type 997
Depuis 2012 : 911 type 991
Pourquoi un tel succès ?
La Porsche 911 est un modèle devenu mythique, identifié notamment par sa mécanique, un Flat-6 très souple et performant, qui a perduré d'années en années. La ligne est elle aussi restée fidèle, malgré quelques différences de temps à autre. Porsche a été conservatrice en ne changeant pas une équipe qui gagne. Aujourd'hui, les clins d'œils au passé sont nombreux.
Des clins d'œil au passé ?
De temps à autre, Porsche rend hommage aux anciennes productions. Elle a par exemple ressorti les célèbres jantes Fuchs sur la 997 SportClassic. La clé demeure également du côté gauche, ce qui est une spécificité lancée par la marque à l'époque où les courses se faisaient départ arrêté, c'était un gain de temps. Aussi, les appellations des différents modèles sont restées intactes bien que parfois, cela porte à confusion...
La génération de la discorde
La cinquième génération de la 911, la type 996, a été vivement critiquée. Tout d'abord, elle était la première 911 dont le refroidissement était liquide. Mais c'est surtout la partie avant qui a traumatisé les puristes : les phares ovales étaient remplacés par des phares au design allongé. La phase 2 a rectifié le tir mais sans déclencher les passions. Aujourd'hui, la hache de guerre est enterrée puisque c'est la 911 type 991 restylée qui est critiquée : les modèles sont tous suralimentés.
La génération coup de cœur
La quatrième mouture, la type 993, semble recueillir les suffrages d'une majorité de porschistes. La dernière 911 refroidie par air plait par sa ligne moderne, son confort et l'efficacité de son châssis.
Un fait marquant
Au début des années '80, Porsche ne croit plus trop en la 911 et préfère envisager son remplacement par d'autres modèles. La 911 SC constituait une porte de sortie idéale... Sauf que les ventes ont explosé, démontrant que la 911 plaisait toujours autant. Décision est prise de conserver la 911 au catalogue et de lui assurer une digne descendance.
Et pour la suite ?
Travailler chez Porsche aujourd'hui ne doit pas être une mince affaire. Chaque nouvelle génération de 911 doit être meilleure que la précédente sans renier les origines et ce qui a fait le succès de ce modèle. Cela n'empêche d'envisager différentes évolutions possibles, comme le recours à un moteur hybride ou la génération du turbo, qui à terme, sera appliquée à toute la gamme...
La Toyota Corolla est la voiture la plus vendue dans le monde. En effet, près de 40 millions d'exemplaires ont trouvé preneur en un demi-siècle. Pas moins de onze générations se sont succédées, parfois chevauchées, pour toucher un public toujours plus large. Mais quel est le secret d'une telle longévité ? Pourquoi les acheteurs continuent à s'orienter vers la Corolla ? Qu'a-t-elle de plus que ses concurrentes ?
Combien de générations ?
11 en tout, depuis 1966. La production continue encore aujourd'hui, mais uniquement au Japon.
De 1966 à 1970 : Corolla E10
De 1970 à 1978 : Corolla E20
De 1974 à 1981 : Corolla E30, E40 puis E50
De 1979 à 1983 : Corolla E70
De 1983 à 1987 : Corolla E80
De 1987 à 2006 : Corolla E90 (arrêtée en 1994, sauf en Afrique du Sud)
De 1993 à 1997 : Corolla E100
De 1995 à 2002 : Corolla E110
De 2000 à 2008 : Corolla E120
Depuis 2006 : Corolla E140
Depuis 2012 : Corolla E160 (vendue exclusivement au Japon)
Pourquoi un tel succès ?
La Toyota Corolla n'est pas une voiture qui a déchainé les passions, c'est même plutôt l'inverse : elle est la voiture omniprésente que l'on ne remarque même plus dans le flot de la circulation. En effet, la Corolla est une voiture qui s'est adaptée à l'ère du temps. Le design de chaque génération est très représentatif des différentes époques. Dans les années '90, par exemple, la Corolla E110 avait une ligne insipide, avec des courbures timides alors que la dernière Corolla (la E160) profite d un design plus expressif et affirmé, avec les derniers codes stylistiques de la marque.
Des clins d'œil au passé ?
Non. Toyota ne joue pas la carte de la nostalgie : la Corolla est un modèle qui doit évoluer, quitte à instaurer une véritable cassure d'une génération à l'autre. L'exemple le plus probant : de nombreuses carrosseries ont été proposées, passant d'une compacte trois portes à une berline en passant par des breaks, il y en a pour tous les goûts sans points communs. La firme japonaise a suivi les attentes des usagers. Il ne faut donc pas y chercher de fil d'Ariane !
La génération de la discorde
La génération E80 est intrigante sur bien des points. C'est durant cette période, de 1983 à 1987, que la célèbre Corolla AE86 a été produite. C'était une sportive à phares rétractable et qui demeurait une propulsion. Mais à côté de cela, les versions "sages" devenaient des tractions, pour la première fois sur une Corolla. L'accueil du public fut très mitigé, notamment à cause d'un design sans charme et une plateforme directement reprise de la génération précédente. Peut mieux faire !
La génération coup de cœur
La septième génération de la Corolla (E100) n'a rien révolutionné, elle demeure une compacte proposée à la fois en 3 et 5 portes ainsi qu'en break. Mais elle marque une vraie montée en qualité. Dans l'habitacle, la finition est jugée excellente par les journalistes, la plaçant au niveau des allemandes tandis que les plastiques moussés font leur apparition. Sous le capot, les moteurs essence et Diesel sont solides et endurants. Commercialisée dès 1993, elle fut vendue pendant quatre ans.
Un fait marquant
La Corolla de onzième génération (E160) n'est vendue qu'au Japon. Petit à petit, l'Europe et les États-Unis se sont éloignés de la Corolla et ont préféré un autre modèle de la gamme : l'Auris. En France, notamment, cette dernière a pris la relève définitivement. Le gabarit reste similaire, à savoir une compacte 5-portes, correspondant bien aux attentes des utilisateurs.
Et pour la suite ?
Il faut se rendre à l'évidence, la Corolla perd des couleurs et intéresse nettement moins. L'Auris, plus moderne de conception, séduit davantage. Il n'y a que sur ses terres d'origine où la Corolla continue d'être vendue à un prix attractif. Pourquoi conserver alors ce modèle au catalogue ? Parce qu'elle détient le prix de la voiture la plus vendue au monde, toutes générations confondues, ce qui n'est pas donné à tout constructeur. Mais sans réelle évolution, la fin est proche...
La Citroën 2CV est un modèle mythique. Dévoilée en 1939, elle fut mise de côté pendant près d'une dizaine d'années avant d'être commercialisée. D'abord décriée, elle fut pourtant un véritable succès. Facile à vivre et à entretenir, elle était vendue à un tarif très faible. Aujourd'hui, c'est un modèle très recherché. Les premiers exemplaires notamment, s'échangent contre des sommes à cinq chiffres. Connaissez-vous ces 30 anecdotes sur la 2CV ?
Combien de générations ?
1 seule ! La 2CV a évolué durant tout le long de sa carrière mais sans jamais recourir à un changement de base. De multiples restylages ont toutefois été opérés, imposant de nouvelles contraintes au niveau de la motorisation mais aussi des éléments de sécurité. Toutefois, on peut distinguer quelques grandes époques, bien qu'elles n'aient rien d'officielles.
2CV type A : de 1948 à 1959
2CV type AZ : de 1954 à 1963
2CV type AZL : de 1955 à 1963 (version plus luxueuse)
2CV type AZLP : de 1957 à 1970 (avec porte de malle en série)
2CV type AZAM : de 1963 à 1967 (version encore plus luxueuse)
2CV 4 : de 1970 à 1978
2CV 6 : de 1970 à 1987
Pourquoi un tel succès ?
La 2CV disposait d'un design unique et d'un prix dérisoire. Elle fut rapidement popularisée par la télévision notamment et surtout parce qu'elle était partout. Il y a encore deux ou trois décennies, chaque personne connaissait au moins une personne ayant une 2CV ! Elle est la voiture populaire par excellence. De multiples séries limitées l'ont rendu plus fun et vraiment tout public. Et surtout, sa conduite, avec ses suspensions particulières, proposaient une conduite hors du temps.
Des clins d'œil au passé ?
Tout au long de sa carrière, la 2CV est restée globalement fidèle à sa philosophie originelle : simple, fonctionnelle et pas chère. Mais ce dernier point est discutable. La 2CV 6 notamment, en fin de carrière, était vendue à un tarif nettement moins raisonnable qu'au préalable. C'est pourquoi nous avons vu l'apparition de versions Special, assez dépouillées, reprenant les équipements de série des 2CV des années '60. Les feux rectangulaires proposés en 1974 ont vite disparu : les feux de solex sont alors vite revenus !
La génération de la discorde
La 2CV 6 répondait à un besoin très simple : davantage de performances pour lutter face à une concurrence plus rude. Mais en passant la cylindrée du bicylindre à 602 cm3, la 2CV n'en était plus une car la puissance fiscale est passée à 3CV. Les puristes n'ont pas apprécié et encore aujourd'hui, la 2CV 6 n'est pas la plus recherchée. La véritable raison, c'est qu'elle fait partie des 2CV "modernes" et qu'elle n'a pas l'authenticité d'une AZ.
La génération coup de cœur
Paradoxalement, bien qu'elle soit basée sur la 2CV 6, la Charleston a connu un beau succès. D'abord programmée en tant que version limitée à 8 000 exemplaires. Mais le succès est tel que la production est étendue. Débutée en 1981, la 2CV Charleston sera caractérisée tout au long de sa carrière par la célèbre association noir/bordeaux. Pour 1982 exclusivement, elle sera jaune/noire et proposée après en gris/noir. Un modèle à succès qui emmènera la 2CV jusqu'en 1990.
Un fait marquant
En 1990, la commercialisation de la 2CV s'est définitivement arrêtée. La raison est simple : elle ne répondait plus aux standards en terme de confort, de pollution et de sécurité. Pourtant, à la fin des années '90, la 2CV Katya fait parler d'elle, se présentant comme une ultime série limitée pour rentabiliser d'anciens châssis inutilisés. Il s'agissait d'un canular mené avec brio.
Et pour la suite ?
La 2CV n'aura qu'une descendante indirecte en 2002, il s'agit de la Citroën C3. Bien que la ligne évoque très furtivement la deuche, l'esprit n'y est pas. Malgré une version Charleston sur la découvrable C3 Pluriel, les fans n'ont pas mordu à l'hameçon !
Pour beaucoup, la BMW M3 est l'incarnation même de la berline sportive. Toujours produite de nos jours, c'est un modèle emblématique. La première génération s'arrache désormais à des prix stratosphériques. Malgré tout, l'esprit évolue, tout comme la motorisation et le confort. Contrairement à la Porsche 911, par exemple, on trouve bien peu de liens entre deux modèles que trois décennies séparent...
Combien de générations ?
5 générations de BMW M3 ont été produites de 1986 à 2016.
M3 E30 : de 1986 à 1991
M3 E36 : de 1992 à 1999
M3 E46 : de 2000 à 2006
M3 E90/E92/E93 : de 2007 à 2013
M3 F80 : depuis 2014
Pourquoi un tel succès ?
La BMW M3 coiffe la gamme Série 3 d'une version plus sportive. Très efficaces sur circuit, les M3 ont touché un public amateur de sensations fortes mais pas seulement. Ces modèles sont assez polyvalents et accueillent assez confortablement quatre personnes. Ajoutons que les motorisations proposées ont toujours été dans l'ère du temps, tantôt avec un quatre-cylindres, puis six, un V8 et de nouveau du six-cylindres.
Des clins d'œil au passé ?
À part quelques éléments stylistiques, rien ne rapproche la dernière génération de M3 de la première. L'exemple le plus fragrant, c'est le type de carrosserie. La M3 a toujours été proposée dans une version coupé, c'est même la préférée des acheteurs. Un cabriolet a enrichi la donne ainsi qu'une version berline depuis la E46. Sauf que la dernière F80 n'est désormais disponible qu'en berline. Le coupé s'appelle désormais M4. La lignée en prend un coup. Si BMW joue beaucoup sur le prestige "M3", la recherche d'authenticité n'est pas au rendez-vous.
La génération de la discorde
La BMW doit faire face à deux rivales de choix chez Mercedes et Audi, à savoir les Classe C AMG et RS4. En 2007, ces deux-là sont passées au V8 atmosphérique. Après 15 ans de 6-cylindres, la récente M3 type E90 (berline), E92 (coupé) ou E93 (cabriolet) abandonne cette architecture pour se doter d'un huit-cylindres en V. Plus volumineuse, elle est aussi plus efficace mais instaure une cassure avec les générations précédentes. Paradoxalement, la F80 qui l'a remplacée dès 2014 est repassée au 6-cylindres, pour réduire les émissions polluantes et en faisant appel à un turbo.
La génération coup de cœur
La BMW M3 E30 est un modèle cher dans le cœur des passionnés. Paradoxalement, c'est la moins puissante de toutes les M3 et la seule à posséder un 4-cylindres. Mais c'est aussi la plus authentique. Elle a existé dans de multiples versions, toujours plus efficaces et affole aujourd'hui les salles de vente aux enchères. Certaines s'arrachent à plus de 100 000 € pour les modèles matching numbers.
Un fait marquant
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la BMW M3 E30 Evolution II n'a rien d'officiel. Cette terminologie a été utilisée pour différencier les modèles ayant un "E" sur la culasse et étant préparées initialement pour les modèles Tour de Corse. Chez BMW, il n'y a donc qu'une seule BMW M3 Evolution !
Et pour la suite ?
La BMW M3 continuera sans aucun doute d'exister. Elle est un modèle qui trouve toujours sa clientèle et qui apprécie la polyvalence de cette puissante berline. En revanche, vous n'y retrouverez pas les gènes des versions d'antan. C'est un parti pris.
J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a bien prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 Type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert. |
|||
Thomas Drouart |