Les dessous du passage des sportives au gazole

Il y a un mois de cela, nous vous annoncions que les versions haut-de-gamme de chez Audi, à savoir les A6 et A7, recevaient les déclinaisons sportives S. Le seul hic, c'est que, pour la première fois sur des berlines, elles sont équipées de... moteur diesel. Le choc. Mais pour quelle bonne raison le géant allemand passe par ce carburant, et, surtout, pourquoi toutes les marques vont devoir suivre ?!

Les avantages d'un diesel sportif

Rappelez-vous, il y a quelques années, le diesel était LE carburant en vogue. Il avait tous les atouts : faible consommation, souplesse d'utilisation, coût du carburant plus faible et, surtout, propreté des moteurs, rejetant moins de CO₂ que les essences. Tout s'est donc développé, et les vieux 1.9 qui n'avançaient pas se sont vite mutés en motorisations d'exceptions, se logeant dans des capots de voitures de haute volée, même chez des constructeurs qui, jadis, ne voulaient pas de ce fioul gras. 

Maintenant, la situation est tout à fait autre. Nos politiques fondent des nouvelles taxes carbone, et démolissent le diesel, sur base d'arguments pas toujours fondés. Seulement, les marques continuent de proposer plusieurs solutions au gazole, et d'autres continuent même d'investir dans des technologies pour rendre le mazout plus propre. Sont-ils fous ? Non, juste oppressés.

Le TDI : plus athlétique qu'il n'y parait ?

Nous vous voyons venir de loin, et on ne peut pas vraiment vous donner tort : le diesel n'est pas un carburant qui inspire la sportivité. Ceci dit, le groupe VAG n'en est pas à son coup d'essai. C'est dans les années 1980 que la première Golf GTD a vu le jour. De plus, la fameuse épreuve des 24 Heures du Mans a déjà été remportée par des motorisations diesel. On peut aussi compter le SQ5 TDI, ou encore le Q7 V12, lui aussi roulant au mazout. Le but était donc d'aller chercher une certaine clientèle, et de lui prouver l'agrément et les capacités de ces moteurs.

Et voilà que maintenant, même les berlines s'y mettent. Nous avons eu le cas avec le S6 et S7, et, il y a quelques semaines, les nouvelles générations de S4 et S5 s'y mettent aussi. Attention, nous avons tout de même droit à des V6 de 349 chevaux et 700 Nm. Les performances ne sont pas négligées, avec des 0 à 100 km/h abattus entre 4,8 et 5,1 secondes.

D'autres ont déja tenté...

Évidemment, le groupe Volkswagen n'est pas le seul à avoir saisi la perche du diesel sportif. BMW, par exemple, pose son badge "M" à proximité du "d", ce qui fait loucher les puristes. D'ailleurs, Thomas a toujours des nausées quand on lui parle de M550d, ou encore de X5 M50d. Mais, ne lui dites jamais, même rien qu'au creux de l'oreille, "Porsche Cayenne Diesel", au risque de vous prendre un coup de mandale.

Dans un registre autre, encore, Maserati a eu la cruauté de sortir son premier moteur diesel sur sa "petite" berline, la Ghibli. Ford aussi, avec sa dernière Focus ST, a opté une nouvelle fois pour un bloc 2 litres EcoBlue. Nous vous passerons les Renault Mégane et Peugeot 308 GT, et autres Mini Cooper SD.

Pourquoi mettre le diesel là où il n'a pas (vraiment) sa place ?

Nous sommes de grands journalistes, alors on met le titre du sujet principal tout en bas de l'article. Ainsi soit-il, la question est posée ! Parce que, bien sûr, il y a une raison. Lorsqu'une marque propose de nouveaux modèles sportifs carburant uniquement au diesel, en 2019, son image de marque en prend un coup. Malheureusement, les politiques ont transformé les idées reçues sur le diesel en un tourne-main, en abusant souvent d'arguments surfaits et, parfois, de mensonges.

Cependant, en plus des décisions de nos gouvernements, l'Union Européenne s'est mise récemment d'accord sur les objectifs que chaque marque devra respecter en termes d'émissions de CO₂ dès le 1^er Janvier 2020. En effet, l'ensemble des modèles vendus par les différentes marques ne devra pas dépasser une moyenne de rejets de CO₂ de 95 grammes par kilomètre. C'est un seuil excessivement bas, que devront respecter les constructeurs vendant un certain nombre de véhicules annuellement. En effet, Ferrari ne sera pas contraint à respecter ce seuil, par exemple. 

Vous l'aurez compris, comme un diesel rejette moins de ces gaz qu'une essence, Audi et beaucoup d'autres marques sont dans l'obligation de revoir leur stratégie marketing, et de sortir une masse de véhicules peu polluants, voire même électriques (qui compteront double, illogiquement).