AD03 • Alfa Romeo 147 GTA '02

Dans les années '80 et '90, le design des modèles Alfa Romeo n'était pas au mieux de sa forme. Les ventes diminuaient et l'image de la marque se ternissait. C'était sans compter sur un renouveau, intervenu dès 1997 avec la berline 156 qui offre un second souffle à la marque. La compacte 147 voit le jour en 2000. Et comme sa grande sœur, elle se voit proposée dans une sulfureuse version sportive GTA. Suffisante pour redonner le sourire ?
 

Étonnament sobre

Dès 1997, c'est avec des sourires bienveillants qu'est accueillie l'Alfa Romeo 156, une berline au style gracieux, à la ligne fluide et avec des formes généreuses qui rappellent la belle époque. Exit le style morose de la 145, excessivement carré et ancré dans les années '80. Alfa Romeo va de l'avant et veut séduire un public plus jeune. Mieux encore, la marque italienne propose dès 2000, la 147. Une compacte au style atypique et classieux. Le succès est immédiat. Déclinée en trois et cinq portes, essence et diesel, la "petite" Alfa Romeo séduit. Elle séduit tellement que le constructeur milanais ose une version GTA sur ses 156 et 147. Trois lettres qui signifient l'implantation d'un V6 généreux. Mais avant le ramage, attardons-nous sur ce plumage. Un élégant plumage rouge qui nous renvoit directement à l'époque des Giulia. une époque pas si lointaine (tout est relatif) où les Alfa Romeo étaient l'apogée du glamour sur quatre roues. La 147 a certes pris des kilos mais notre 147 GTA ne démérite pas. Elle en impose tout en restant étonnament sobre. Le néophyte ne remarquera pas nécessairement ses appendices caractéristiques.

Une recette savoureuse...

On notera ainsi des ailes gonflées à l'avant comme à l'arrière mais aussi des boucliers entièrement redessinés, plus ajourés et qui ajoutent clairement une belle touche de sportivité. Exclusivement disponible en trois portes, l'Alfa Romeo 147 GTA reçoit une double sortie d'échappement à l'arrière gauche. L'avant évolue aussi significativement avec une aération entre chaque phare et la calandre, pour laisser respirer plus sereinement le V6. Au final, c'est un design à la fois passe-partout et tout en subtilité, très agréable à l'œil et qui vieillit relativement bien, malgré des traits assez audacieux pour l'époque. Mais dans les faits, ce n'est pas une sportive pure. Elle n'est pas trop aseptisée, mais son terrain de prédilection demeure les petites routes de montagne et les cols de montagne. Le châssis est relativement bon, très confortable malgré des suspensions un brin souples et des disques de frein faiblards à l'avant, dont le diamètre passera de 305 à 330 millimètres dès mars 2004. C'est une voiture facile à vivre et à conduire, proposée avec une boîte de vitesse manuelle à six rapports ou bien la boîte séquentielle à cinq rapports à partir de mai 2003. Une compacte à moteur V6, ce n'est pourtant pas nouveau, Volkswagen l'avait déjà expérimenté sur sa Golf dès 1991. C'est une recette savoureuse...

Rigueur et précision

L'habitacle ne souffre d'aucun reproche ou presque. Il est bien construit, bien assemblé et élégant. L'équipement, contrairement à la concurrente Audi S3, est très riche et ne vous coûtera pas un bras en options. Installation audio de qualité, sièges baquets et climatisation bizone sont de série. Au niveau des options, elles existent malgré tout, on trouve les jantes de 18 pouces qui apportent une touche encore plus sportive et ne dégradent pas le confort. En revanche, les premiers exemplaires peuvent connaître quelques imperfections dans les ajustements, comme le ciel de toit légèrement trop court, des vis manquantes qui laissent quelques jours ou bien des plastiques dont la mousse est inégale. Cela reste anecdotique et ne concerne que les tout premiers exemplaires produits néanmoins, de 2002. Le système électrique est fiable, tout comme la motorisation. De bons points qui permettent de limiter les frais d'utilisation, même si le coût des pièces détachées demeure dans la moyenne haute. Certaines options peuvent néanmoins être intéressantes, comme les xénons, à partir de 2003, la sellerie cuir ou les jantes en 18 pouces. Quant au GPS, il n'est pas possible de le mettre à jour, il est donc obsolète et absolument pas nécessaire.

Cadran de téléphone

Le design des jantes, en 17 comme en 18 pouces, s'inspire des cadrans téléphoniques. Un design sobre, cher à Alfa Romeo et dont on retrouve une réinterprétation sur les Lamborghini Countach et Diablo. Sur le plan du ramage, la 147 GTA est dotée d'un V6 atmosphérique de 3.2 litres et délivrant 250 chevaux. Un moteur tonique et très agréable à l'oreille. C'est une mécanique solide et sonore dès que l'on monte dans les tours. Il faut dire qu'au moment de sa sortie, la 147 GTA était la plus puissante des compactes de série. Si ce moteur est savoureux et témoigne d'un beau savoir-faire, il ne demande qu'un seul sacrifice : la nourriture. Et de ce côté là, c'est une moyenne de 12 litres de sans-plomb qui sera ingurgitée tous les 100 kilomètres. Rien ni personne n'est parfait. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est ce que c'est un moteur généreux et plein de caractère. Avec plus de 1,3 tonne sur la balance, l'Alfa Romeo 147 GTA reste joueuse et précise mais demande de l'expérience pour appréhender pleinement la large plage d'utilisation de son V6.

Du potentiel

Stricte traction, les roues avant transmettent parfaitement les 250 chevaux à la route grâce à une électronique bien dosée. Il en ressort la sensation d'une voiture équilibrée, orientée clairement le plaisir de conduite mais qui permet de voyager à quatre confortablement tout en ayant la possibilité d'emmener la belle sur circuit au besoin. Comme les Renault Clio, des courses sont proposées avec des 147 GTA préparées, ce qui témoigne du potentiel de notre belle italienne, dont on se lasse pas d'admirer les courbes. L'arrière simule un diffuseur avec une partie centrale et deux grilles latérales dont celle de gauche accueille la double sortie d'échappement. On trouve également le sigle GTA, qui est là pour rappeler qu'il s'agit d'un modèle généreusement motorisé. Pour une bonne longévité mécanique, respecter un temps de chauffe de 5 à 10 minutes est essentiel, tout comme la vidange qu'il convient de réaliser assez régulièrement afin de prévenir toute usure prématurée du V6, dont le remplacement est onéreux. Pour le reste, il s'agit d'un entretien standard. Aucun composant ne s'use anormalement tant que la 147 GTA est suffisament entretenue.

Comme un autobus

Au quotidien, il faut savoir que le diamètre de braquage de l'Alfa Romeo 147 GTA est digne d'un autobus avec près de 12 mètres, mieux vaut donc prendre ses précautions lors d'une utilisation urbaine. Pour une utilisation plus musclée, contrairement à la 156 GTA, il n'est pas possible de déconnecter l'ESP. Mais celui-ci sait heureusement se montrer discret et n'intervenir qu'en cas de nécessité absolue. Attention au budget pneu, dont la longévité des gommes est assez réduite, surtout à l'avant. Sur le marché de l'occasion, il faut compter un budget de 13 000 € pour trouver un exemplaire en état correct. Il est même possible de grimper jusqu'à 16 000 € dans le cas d'un modèle irréprochable avec une configuration intéressante. L'entretien doit être à jour, en particulier l'embrayage, dont le remplacement peut demander jusqu'à 1 000 € tout comme les disques de frein, coûteux ou la courroie de distribution. Par chance, la 147 GTA n'est pas sujette à la rouille, la peinture étant bien appliquée et la carrosserie ayant fait l'objet d'une bonne préparation.

Environ 13 000 €

En revanche, il vous faudra être patient au moment de l'achat et regarder plusieurs 147 GTA avant de trouver la bonne. Déjà parce qu'il y a assez peu d'offres mais aussi parce que ces belles italiennes n'ont pas forcément toutes reçu l'entretien préconisé. Privilégiez un exemplaire conduit par un passionné, qui aura su apporter avec rigueur et passion le soin nécessaire à son Alfa Romeo. Sachez enfin qu'il s'agit là d'un investissement sûr pour l'avenir, la décote ayant déjà eu lieu puisque les plus anciens exemplaires, de 2002 accusent déjà près de 15 ans et que les plus récents, de 2005, ont dépassé la dizaine quant à eux. Ces modèles sont aujourd'hui relativement recherchés pour le tempérament du V6 et sa sonorité onctueuse à souhait. Le restylage opéré sur la 147 ne donna malheureusement pas suite à la GTA. Il faudra attendre la Giulietta QV de 2014 pour retrouver une descendance plus ou moins directe à la tant-désirée Alfa Romeo 147 GTA.

Faut-il acheter une Alfa Romeo 147 GTA ?

Avec la 147 GTA, Alfa Romeo a assurément tiré le bon numéro. Greffer un V6 dans une compacte était un pari audacieux mais rondement mené. Véritable objet de plaisir, c'est une voiture équilibrée, bien née, avec une excellente finition et capable de provoquer de vraies sensations. Relativement rare sur nos routes, elle est assez difficile à trouver en occasion et nécessite un entretien très sérieux. Mais la belle en vaut la peine, surtout qu'il s'agit déjà d'un modèle collector, fort d'un grand nombre de fan. Mais attention, comme beaucoup de voitures, il faudra compenser avec une consommation moyenne de 12 litres aux 100 kilomètres et parfois signer un chèque à quatre chiffres à votre assureur !
 

Référence article : AD03 • Version 3.2