Le 27 Février 2016, par Thomas DROUART
La Seville, c'est un petit peu la Cadillac version raisonnable. L'essence de l'El Dorado dans un format plus populaire. Mais que vaut vraiment cette berline qui perd des centimètres au fur et à mesure des générations ? Vaut-elle vraiment le détour ? Pourquoi sa cote est-elle si basse ?
Modèle | |
Moteur | 4.5 V8 180 chevaux |
Dimensions | 4,87 x 1,84 x NC mètre |
Masse | 1 618 kg |
Commercialisation | 1989 - 1991 |
Côte moyenne | 6 000 € |
0 à 100 km/h | NC |
Vitesse max | 195 km/h |
Consommation | 13 l/100 km |
Date et lieu | 10 février 2016, Mayenne |
L'âge de la raison. Calandre rutilante, nombreux chromes, une ligne tonitruée mais néanmoins très élégante... Pas de doute, c'est bien une américaine. Et plus précisément une Cadillac Seville de 1989, ce qui correspond à la troisième génération de ce modèle emblématique de la firme américaine. Remontons un peu le temps. À l'origine, le terme Seville fut désigné pour qualifier la déclinaison deux-portes de l'Eldorado. Ce n'était donc pas à proprement parler un modèle à part entière. Il a fallu attendre 1975 pour que la Seville fasse son retour, sous la forme d'une élégante berline destinée à séduire les jeunes, tout en restant plus raisonnable avec un modèle moins long et moins opulent. À une époque où une grande voiture signifiait un signe de richesse évident, le pari était plutôt osé, mais la Seville se vend bien, le concept plait. Cela permet même à Cadillac d'exporter une partie de sa production puisque ce nouveau modèle répond aux exigences des européens.
deviennent de plus en plus angulaires, la Seville II affichait une nette cassure. Destinée avant tout aux États-Unis, elle s'exporte massivement et adopte de nouveaux des moteurs V8 essence et diesel. Pensée pour ces marchés, elle connaît une belle croissance et permet à Cadillac de toucher un public plus large, cassant son image élitiste sans sacrifier le plaisir de conduite, avec toujours des moteurs V8 bien authentiques !
Au premier abord, et plus principalement sous ce trois-quarts avant, on note un avant un peu plus conventionnel qu'auparavant. Cette impression se confirme en jetant un œil à la fiche technique, avec une taille réduite de près de 40 centimètres de longueur et une largeur à peine réduite. Cela a pour principal but d'offrir à la fois aux américains et européens un modèle plus raisonnable mais sacrifier le plaisir ni même la noblesse chère à Cadillac. Le V8 reste de la partie et se passe désormais d'une version diesel. Cadillac a ainsi étudié sa troisième génération de Seville afin qu'elle plaise au plus grand nombre, à commencer par une ligne à la fois classique et traditionnelle pour l'avant mais assez déroutante pour la partie arrière. Au final, l'audace paye rapidement. De nombreuses Seville partent à l'export. Elles ne diffèrent de leurs consœurs américaines que par le positionnement des clignotants, sur les ailes avant pour les modèles des États-Unis alors qu'ils sont placés sur la partie extérieure des phares pour les modèles export.
Un châssis entièrement nouveau (plateforme K) a été développé spécialement pour la Seville III avec davantage d'électronique dont un tableau de bord permettant notamment de calculer la consommation moyenne. Très complet, il témoigne des ambitions de la marque : créer un modèle compact, bien motorisé et abouti techniquement et technologiquement. Cela fut rendu possible grâce à l'acquisition de Hugues Electronics. À l'époque comme maintenant, rouler en Cadillac est un choix souvent mûrement réfléchi, une alternative aux modèles allemands et leur design souvent jugé trop conventionnel. Avec cette Seville, l'audace est réelle : elle peut autant plaire que déplaire. Toujours est-il qu'elle ne laisse pas indifférent, et pour une Cadillac, c'est un point qui a toute son importance !
travaillé, tout en aluminium pour un rendu résolument haut de gamme. Le logo de la marque est embossé directement sur l'enjoliveur central qui permet d'accéder aux goujons de serrage de la roue. Les quatre freins sont à disques et offrent un freinage dans la bonne moyenne, malgré une masse totale excédant les 1,6 tonnes. Cet écrin de luxe se fait donc avant tout ressentir sur le poids, mais comme la vocation primaire de la Cadillac Seville n'est pas la performance, nous ne lui en tiendrons pas rigueur. Notons également le badge Seville sur les ailes avant et qui est spécifique aux modèles d'exportation puisque sur les modèles américains, cet aspect est dédié aux clignotants.
La place du conducteur s'apparente à celle d'un pilote d'avion avec un tableau de bord façon cockpit, avec des commandes omniprésentes et un habillage en bois de belle facture. Il n y a guère que le volant qui accuse un poids des années avec son airbag central et ses commandes placées sur la partie basse. Mais l'ensemble respire la qualité et témoigne du soin apporté par la marque à ses clients. Faire un tour dans une Cadillac Seville de 1989, c'est voyager dans le temps !
L'accès est aisé à bord et fait rapidement oublier le fait que la Seville a perdu une quarantaine de centimètres en longueur lors du passage de la seconde à la troisième génération. L'impression d'être dans un salon de standing est partout. Mais c'est réellement sur la route que la Cadillac Seville se savoure le plus grâce à des suspensions aux petits oignons qui gomment les aspérités de la route d'une manière assez incroyable pour un modèle produit à l'aube des années '90. Autre fait remarquable : les très nombreux éclairages, qui de nuit, offrent un rendu atypique !
Tout au long de sa carrière, de 1986 à 1991, la Seville troisième du nom, évoluera tant d'un point de vue mécanique qu'au niveau des équipements, avec une finition STS jusqu'au passage à la quatrième génération au design revu et allégé.
ou même les cuirs de portières où sont brodées finement les lettres composant le nom "Seville". L'ensemble est méticuleux, parfaitement coordonné. Malheureusement, la population des Seville a très mal vécu. S'il n'y a pas de statistiques officielles, il semblerait que les Seville de troisième génération n'aient un taux de survie que d'une dizaine de pourcents. La faute notamment à une image bien en deçà du réel potentiel de ces modèles et des primes à la casse très avantageuses qui en ont condamné plusieurs. Il faut bien admettre qu'avec une cote aux alentours de 6 000 €, les Seville sont tout à fait accessibles, surtout quand elles se trouvent dans un tel état de conservation que l'exemplaire ici illustré.
et même la cinquième génération. Au final, la Seville n'a peut-être pas la noblesse d'une Eldorado mais elle ne démérite pas pour autant. Elle a ouvert la marque à de nouveaux marchés tout en perfectionnant ses technologies. Un sacré pari pour un marché américain adepte de démesure mais qui, dans les années '80, arbore une nouvelle facette pour son parc automobile : un peu plus de raison mais pas moins de passion. Au final, le compromis Seville a tout pour plaire !
Pour qui cherche une berline de caractère, avec un confort exemplaire et un moteur authentique et plaisant, la Cadillac Seville. Exclusivement disponible avec une boîte automatique à quatre rapports, c'est un modèle qui ne démérite pas. Surtout avec une cote actuellement aussi basse. Attention toutefois à la consommation assez haute (c'est un V8). Pour le reste ? Du plaisir. Rien que du plaisir.
3 arguments |
3 contre-arguments |
Ligne audacieuse Grand confort Qualité de l'intérieur |
Consommation assez haute Difficile à vendre Cote très basse |
Référence article : AA25 • Version 3.1
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