Le 20 Janvier 2015, par Thomas DROUART
L'histoire de Jidé est assez méconnue. Bien que cette marque française n'ait vécu que quatre ans, ses multiples exploits en compétition sont vite rentrés dans la légende, avec des pilotes qui ont fait la renommée de la marque. Aujourd'hui, le modèle Compétition de 160 chevaux, produit jusqu'en 1973. Que vaut-il ?
Fiche technique
Modèle | |
Moteur | 1.6 4 cylindres en ligne 160 chevaux |
Dimensions | 3,59 x 1,56 x 1,02 mètre |
Commercialisation | 1972 - 1973 |
Côte moyenne | NC |
0 à 100 km/h | NC |
Vitesse max | 232 km/h |
Consommation | NC l/100 km |
Date et lieu | 20 octobre 2014, Le Mans |
L'histoire de Jidé, c'est la concrétisation matérielle du rêve d'un homme, Jacques Durand, qui donnera ses initiales à sa marque de sportives légères. L'aventure commence en 1969. Il construit dans un hangar proche de sa maison à Parthenay ses propres modèles, dotés d'une carrosserie en polyester, de trains roulants et du moteur de la Renault 8 Gordini. Les modèles connaissent vite une belle réputation après que Pierre Madelaine, concessionnaire Sovam et Matra découvre les Jidé. Le coup de cœur est instantané et les petites sportives légères de Durand prendra bien vite les rennes sur piste.
La production se décline en deux modèles : la 1600 et la 1600 S qui est en réalité un modèle destiné davantage à la compétition. Ils peuvent être fournis montés ou en kit, ce qui est un avantage considérable et permet notamment d'améliorer encore davantage les performances pour certains et de les optimiser. Cet assemblage personnel ne coutait en plus que 6300 F, soit l'équivalent de dix SMIC en fonction du coût de la vie dans les années 70. Il fallait cependant y ajouter moteurs et train avant, de quoi optimiser le rapport prix/performances pour chacun. Communément, ce sont des moteurs de Renault 8 Gordini que l'on retrouve. La Jidé devient ainsi l'une des premières voitures "kit car" homologuée, tant au niveau des crash-tests qu'au niveau des tests de conduite, de tenue de route et de freinage.
La Jidé commence à courir en 1969 avec Patrick Champin et Pierre Madelaine (le concessionnaire qui popularisé les Jidé) au volant. Les résultats ne sont pas concluants mais l'amalgame n'est pas fait : les Jidé ont un réel potentiel, grâce notamment à des atoûts dont les concurrentes ne peuvent pas toutes se vanter. Nous l'aborderons après. Pour Jacques Durand, l'entrée officielle en compétition est inenvisageable officiellement, les engagements seront donc aux frais des futurs pilotes. Et ces derniers se nomment Jean Ragnotti, Henri Rimaudière, Michel Robini ou encore Georges Queron. Ces grands noms du sport automobile préféreront la version Compétition, ou 1600 S de la Jidé, à l'efficacité redoutable.
La Jidé affiche une ligne unique. Elle surprend au premier abord par sa compacité : une longueur inférieure à 3,6 mètres et par conséquent un poids très faible, oscillant entre 600 et 700 kg suivant les versions. La version Compétition gagne en agressivité mais surtout en aérodynamique, avec un aileron intégré, des jantes plus larges, des ailes élargies mais aussi et surtout des modifications faîtes individuellement sur les modèles, nous aurons l'occasion de les aborder plus tard. La ligne est pure, racée et s'inspire de celles de sportives de l'époque tout en développant une personnalité et une identité propres.
La Jidé Compétition est montée en 13 pouces et dispose de quatre freins à disques. Le 4 cylindres en ligne de cylindrée 1,6 litres est préservé avec une puissance totale de 150 chevaux. Affichée à près de 51 000 F, elle s'éloignait fortement de la version "classique" et touchait ainsi un public bien plus porté sur le sport automobile et la compétition. Malheureusement, en 1973, la crise frappe Jidé qui s'éteint... Pour mieux renaître avec Scora notamment. Les Jidé et leurs descendantes seront ainsi produites jusqu'en 1993 et on pourra observer des Jidé sur piste encore aujourd'hui avec des palmarès tout à fait honorables.
L'efficacité de la Jidé Compétition est saluée à l'unanimité, notamment par Jean Ragnotti. Revenons-en à la personnalisation des modèles. Le fait de disposer à la base d'une voiture proposée en kit permet un démontage simplifié, notamment pour améliorer la tenue, les performances, ou même le moteur. C'est le cas de cet exemplaire qui bénéficie d'un moteur et chassis de Renault 5 Turbo, avec carter sec et injection programmable quatre papillons. La boîte de vitesse a gagné un rapport pour en afficher six tandis que les disques de freins arborent désormais un diamètre de 300 mm., soit quasiment autant que la jante. Les suspensions sont de type monoplace avec ressorts d'amortisseurs réglables.
L'efficacité sur piste a pu se vérifier sur piste où "la chasse à la Porsche" de son heureux propriétaire et pilote a pris tout son sens. Les performances font de cette Jidé Compétition un modèle vraiment à part. Ses faibles dimensions conjuguées à un moteur abouti et déjà performant à la base puis à une optimisation rigoureuse en font un modèle d'exception. Bien loin du cocon d'une teutonne moderne ou même d'un bloc suralimenté actuel monté sur un modèle tutoyant les deux tonnes. La Jidé s'est forgée sa propre philosophie, à mi-chemin entre Lotus et Renault.
Les modifications esthétiques ne sont pas en reste, avec un imposant aileron, des découpes dans la carrosserie pour laisser passer le pot d'échappement mais également des découpes à l'avant, au niveau du pare-choc pour permettre le passage de composants ou d'améliorer le refroidissement. Quant à l'habitacle, il est dépouillé au maximum, gain de poids oblige. Ancien pilote, son propriétaire prend plaisir à parcourir les circuits de France avec son équipe : l'Écurie Côte d'Amour (ECA).
La production totale des Jidé est difficilement quantifiable, mais il aurait été produit 170 Jidé (120 montées et 50 en kit), 25 Jidé par Humeau, 5 Jidé par Cosnefroy puis 28 Scora, sous la supervision de Durand et Carcreff, dont 9 fabriquées au Maroc, soit un total de 228 voitures. Autant dire que trouver un exemplaire de nos jours est rare, surtout que de nombreux modèles ont péri lors d'accidents sur piste.
Les performances de cet exemplaire sont bluffantes sur le circuit Maison-Blanche du Mans. Les concurrentes n'auront pas mis de temps à être rattrapées...
Acquérir une Jidé aujourd'hui, c'est acquérir un modèle mythique, entrée de l'histoire grâce à des performances exclusives et au fait d'être l'une des premières kit car autorisée à circuler sur route ouverte. Si on ajoute à cela un chassis et une tenue de route de premier ordre, on obtient une sportive radicale, dont l'entretien peut être effectué soit-même, avec de réelles possibilités d'optimisation, comme l'atteste cet exemplaire. Le tout est de trouver une base, et sur ce point, il n'y a pas de côte officielle ou officieuse, tout dépend de l'état de l'éventuelle préparation.
Référence article : AA82 • Version 3.0
AG41 * Jidé 1600 Humeau 1991 - Palais-de-la-Voiture.com
Jidé 1600 Humeau 1991 . L'histoire de la marque Jidé n'est pas anodine ! La petite française est créée en 1969 par Jacques Durand (JD > JiDé). C'est une voiture vendue assemblée ou en kit, d...
http://www.palais-de-la-voiture.com/article-ag41-jide-1600-humeau-1991-119070363.html