Le 25 Avril 2015, par Thomas DROUART
L'histoire de Lancia est bardée de hauts et de bas. Dans les hauts, nous y découvrirons un modèle cher dans le cœur des passionnés : l'Aprilia. Et plus particulièrement la version Ardennes, qui ne se différencie que par de menus détails. Nous le verrons, cette Lancia est avant-gardiste sur bien des points...
Modèle | |
Moteur | 1.4 V4 47 chevaux |
Dimensions | 3,96 x 1,47 x 1,46 mètre |
Masse | 880 kg |
Commercialisation | 1937 - 1939 1 620 exemplaires |
Côte moyenne | Non côtée |
0 à 100 km/h | NC |
Vitesse max | 130 km/h |
Consommation | 9,8 l/100 km |
Date et lieu | 18 avril 2015, Le Mans |
Faisons un bond dans le passé. Nous voici replongé au tout début du XXème siècle, en 1906 précisément. Vincenzo Lancia crée alors une marque automobile à son nom, œuvrant dans la réalisation de prototypes sportifs. Malgré un incendie peu après l'emmènagement dans les locaux fraichement loués, les prototypes sont peu à peu reconstruits et c'est finalement un camion militaire qui verra le jour en 1912. Il faudra attendre 1931 pour que l'activité automobile se développe pleinement avec l'implantation d'une usine Lancia en France. Les modèles qui sont vendus dans l'hexagone arborent un nom différent de ceux en Italie. La cause est liée à des taxes grandissantes sur l'exportation. En 1934, dans le but de faire prospérer sa marque, Vincenzo Lancia décide d'un cahier des charges pour ses collaborateurs.
Il leur faudra concevoir un modèle de moins de quatre mètres, spacieux, innovant, pouvant accueillir cinq personnes, peser moins de 900 kg, être aérodynamique et consommer moins de 10 litres aux 100 kilomètres. C'est ainsi que naît l'Aprilia. Un modèle au style clairement avant-gardiste que l'on attribuerait volontiers deux ou trois décennies après. Le but était de définir un standard automobile et y inclure le meilleur tout en permettant de rivaliser avec la concurrence dont la redoutable Citroën Traction. Dessinée par des professeurs d'ingénierie de Turin, la ligne bénéficie d'un Cx de 0,47, une aérodynamique presque improbable en plein milieu des années '30 ! Les tôles ont été choisies méticuleusement pour respecter la contrainte du poids réduit.
Remplaçante de la Lambda, l'Aprilia en a extrait le meilleur et a amélioré tout le reste. L'imposante calandre est désormais en deux parties et rappelle que nous avons affaire à un modèle clairement orienté haut de gamme. Finie la carrosserie découvrable, place désormais à une conduite intérieure où rien n'a été laissé au hasard. Les pare-chocs arborent un une courbure qui contraste avec quelques arêtes saillantes. Les portes sont à ouvertes antagonistes et sans montant, une particularité assez appréciable. Vous vous demandez peut-être le pourquoi du mot "Ardennes" ? C'est tout simplement le nom attribué aux Aprilia assemblées en France. Le nom change mais la recette est strictement similaire à l'exception des phares, plus volumineux.
Vincenzo Lancia décèdera 9 jours avant la présentation officielle de l'Aprilia. Il n'aura pas le privilège de voir le fruit de son travail rouler ni même le succès qui l'a accompagné tout au long de sa carrière. Revenons sur l'avant-gardisme des Lancia Aprilia et Ardennes. Pour la première fois, une voiture de série reçoit des suspensions à roues indépendantes et une coque autoporteuse. Aussi, on appréciera la présence d'un différentiel (oui, déjà !) avec les freins arrière placés à la sortie de ce différentiel pour réduire les masses non-suspendues. Sous le capot, on découvre un 4-cylindres en V, une structure déjà vue sur la Lambda de 1931 avec cette fois une cylindrée de 1,4 litres pour une puissance de 47 chevaux à 4000 tr/m.
La tenue de route est assez bluffante pour l'époque qui préfigurait le comportement des modèles sportifs ultérieurs. Une légende circule sur le fait qu'au Salon de l'Automobile de Londres de 1936, Henry Ford attendait la fermeture du salon pour observer et analyser la conception des Lancia, preuve est que la rénommée de la firme italienne s'est faîte très rapidement. Sur le plan des performances, la belle Aprilia n'avait pas à rougir. Sa puissance de 47 chevaux conjuguée à un poids contenu lui permettent d'atteindre la vitesse maximale de 130 km/h. Présenté lors de l'exposition Tintin au Mans le 18 avril 2015, cette Lancia Ardennes est la réplique parfaite illustrée par Hergé dans l'album Tintin au Congo.
Pour indiquer sa direction, tendre le bras était une solution couramment utilisée mais difficilement applicable dans le cas des conduites intérieures. À la manière des indicateurs ferroviaires, les flèches de direction sont fournies de série sur les Lancia Aprilia. Un dispositif qui ne deviendra obligatoire qu'à partir de 1950 en France sur les voitures neuves. Le principe est simple, pour tourner, la flèche de direction du côté duquel vous allez tourner se lève et indique au conducteur suivant votre intention de tourner. Le clignotant remplacera définitivement les flèches de direction à partir des années '70.
En France, 1 500 berlines et 120 chassis Lancia Ardennes verront le jour. Des ventes assez maigres malgré une commercialisation de plus de douze ans qui s'explique par le contexte principalement. En période de guerre, le gouvernement frnaçais est réticent face à Mussollini, d'où le rejet des produits italiens, dont cette Ardennes pourtant pleine de qualités. La Traction fut préférée malgré une fiabilité moindre et une conception nettement moins avant-gardiste que sa consœur italienne. Des versions sportives arriveront successivement, prouvant la bonne conception du chassis italien, mais aussi l'efficacité de son moteur. Quant à la ligne de l'Aprilia, difficile d'y résister, bien qu'on se doute qu'à sa sortie en 1936, les passionnés de la marque ont du être quelque peu déroutés !
Acquérir une Lancia Ardennes de nos jours n'est pas une tâche facile. Tout d'abord, il y a fort à parier qu'il vous faudra vous affranchir d'une phase de rénovation plus ou moins conséquente à moins de débourser une somme assez conséquente. Le nombre d'exemplaires en circulation est réduit, autorisant une côte croissante et assez haute. Difficile donc d'annoncer une côte dans ces conditions... En revanche, la belle en vaut la peine : largement en avance sur son temps, elle est avant tout le rêve d'un homme, qui a voulu retranscrire le meilleur dans un modèle. Encore aujourd'hui, on ne peut qu'apprécier ce modèle chargé d'histoire.
3 arguments |
3 contre-arguments |
Performances Moteur vif Équipement riche |
Difficilement trouvable Côte haute Rénovation coûteuse |
Référence article : AA42 • Version 3.1
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