'04 Lotus Elise S2

Une sportive de 120 chevaux, cela peut faire sourire de prime abord. Mais quand celle-ci est siglée Lotus, on a la garantie d'un modèle pas avare en sensations. La deuxième génération de Lotus Elise débute en effet avec un "petit" 4-cylindres de 120 chevaux. Mérite-t-elle vraiment son qualificatif de sportive ?
 

Une course à la puissance ? Non.

Dévoilée en 1995, la Lotus Elise de première génération a connu un beau succès. Il faut bien avouer que cette petite anglaise a tout pour plaire : une ligne moderne et sportive, un poids très réduit et un moteur bien suffisant pour sillonner monts et vallées. Elle s'inscrit pleinement dans la volonté de Colin Chapman, fondateur de la marque, de proposer des modèles légers et dynamiques. À l'aube du second millénaire, une deuxième génération voit le jour. Elle est un peu plus volumineuse, prend quelques menus kilos mais voit son style affiné. En entrée de gamme, elle propose 120 chevaux. Cela peut paraître désuet, c'est vrai. Surtout quand la concurrence dépasse allègrement les 300. Mais chez Lotus, la priorité est le plaisir. Et pour atteindre cet objectif, inutile d'enclencher une course à la puissance. Et nous le verrons, l'Elise est une machine à sensations incroyable, ce genre de modèle qui ramène à l'essence même de l'automobile. Souriez, embarquez !

Raisonnable...

La Lotus Elise, c'est un art de vivre. Contrairement à la plupart des modèles sur le marché, on n'y monte pas, on y descend. La conduite, c'est jambes tendues. Une position plutôt perturbante mais tellement appréciable. Le centre de gravité s'en trouve considérablement abaissé et les virages peuvent être pris bien plus serrés. Le plaisir est décuplé et la sensation de vitesse arrive nettement plus vite qu'à bord de n'importe quelle sportive un brin aseptisée. C'est assurément un modèle coup de cœur. D'ailleurs, le coup de foudre arrive souvent dès le premier regard. L'Elise de seconde génération, simplement identifiée S2, s'apprécie par sa ligne de sportive, très basse et sa relative compacité, avec moins de 3,80 mètres de longueur. Son regard est plus affirmé avec de grands phares en amande en deux parties et un arrière plus travaillé avec deux doubles feux. Raisonnable, elle se dote de "petites" roues en 16 pouces à l'avant et 17 pouces à l'arrière qui lui offrent une tenue de route satisfaisante et un excellent grip. Autant dire qu'il s'agit là d'une monte raisonnable qui ne vous coûtera pas un bras au prochain changement de pneu.

"Elle n'a vraiment que 120 chevaux ?"

Le cœur de la Lotus Elise, c'est bien sûr son moteur. Il s'agit d'un moteur d'origine Rover dont la cylindrée demeure à 1.8 litres et développe 120 chevaux. La gestion a été revue afin de satisfaire les normes environnementales en vigueur. Cela n'a pas diminué le plaisir car l'accélérateur répond davantage et le couple de 168 Nm suit le même chemin. La sonorité demeure agréable, bien qu'un peu feutrée sur les modèles parfaitement d'origine. Le silencieux, ou la ligne entière sont fréquemment changés pour des vocalises plus démonstratives. La boîte de vitesse a elle aussi été revue, avec des rapports plus courts. Les accélérations comme les reprises sont vigoureuses, à tel point qu'il semble légitime de s'interroger : "elle n'a vraiment que 120 chevaux ?". Les performances sont ainsi dans la très bonne moyenne, avec le 0 à 100 km/h en 6,6 secondes et une vitesse de pointe de 200 km/h. Mais plus que des performances pures, ce sont des sensations qu'offre la Lotus Elise. Et sur ce point, la concurrence n'arrive pas au talon (pointe !) des créations de Chapman.

Pas de superflu

Et le châssis n'est pas à la peine, bien au contraire. Tout dans cette voiture a été pensé pour le plaisir de conduite. Il faut bien admettre que l'Elise est le modèle qui a sauvé Lotus d'une faillite potentielle au début des années '90 et que la marque n'a pas été avare. Rouler en Lotus Elise, cela demande néanmoins quelques habitudes. Il faut tout d'abord être dans de bonnes conditions physiques, car le rembourrage des sièges est à des années-lumières des standards germaniques tandis que l'accès à bord demande une gymnastique incompatible avec les dos endoloris. Mais une fois à bord, il n'y a plus qu'à savourer ce retour à l'essence de l'Automobile avec un grand A. Le superflu a été volontairement éradiqué (bien que proposé en option), ce qui permet un poids aux alentours de 800 kilos. Pas de vitres électriques, pas de climatisation ni même de tableau de bord rembourré. Tout à bord est apparent. L'assise est néanmoins relativement bonne malgré des suspensions volontairement durcies pour une meilleure tenue de route. On a rien sans rien !

Fichu joint de culasse

Pour une fois, nous aborderons sans complexe l'aspect financier. La consommation, tout d'abord, est relativement basse, aux alentours de 7 à 8 litres en cycle mixte. Même en arsouille, elle excèdera rarement les 10 litres aux 100 kilomètres. L'entretien est lui aussi assez peu coûteux, il s'agit de pièces de grandes séries. Une seule dépense peut gréver le budget : le joint de culasse, assez fragile sur ce modèle d'Elise. Il peut perdre de son étanchéité et devoir être remplacé rapidement. Comptez 1 200 € pour l'opération et optez pour un modèle renforcé impérativement. Hormis cela, la Lotus Elise S2 est très fiable, c'est un bloc endurant, pas révolutionnaire pour un sou mais qui a le mérite de concilier fiabilité et plaisir au sein de cette petite anglaise. Que demander de plus ? Le budget pneu sera lui aussi relativement réduit tandis que la puissance pourra être augmentée sans grande peine, tout comme la sonorité, les échappements et divers éléments du moteur, en position centrale arrière. Mais attention à respecter la loi ! Toute augmentation de puissance doit faire l'objet d'un passage à la DRIRE.

Suffisante ?

Cette Lotus Elise est surprenante sur bien des aspects, mais c'est le tempérament de son moteur qui retient mon attention. Pas linéaire, il offre des accélérations de premier ordre. Et quelles sensations ! Difficile de se lasser d'un tel bijou. Mais attention lors de l'achat, il faut être très vigilant et privilégier un modèle bien entretenu et n'ayant pas fait de circuit. De même, méfiance vis à vis du joint de culasse, s'il a été changé, il doit être renforcé sous peine de vous infliger des frais rapidement. Bien née, la belle ne souffre d'aucun manque réel. Son freinage est endurant et sa tenue de route d'un très bon niveau. Du très grand Lotus que Colin Chapman aurait été fier de voir au sein de sa gamme. Si vous hésitez avec une version plus puissante de l'Elise, faîtes le test par vous-même et vous serez séduit par l'agrément offert par ce 4-cylindres Rover, bien suffisant pour tous les jours comme pour la sortie du dimanche matin !

Faut-il acheter une Lotus Elise S2 ?

Avec un budget de 20 000 €, vous trouverez une Elise S2 de 120 chevaux sans problème. Les modèles Race Tech disposent d'équipements supplémentaires, comme les sièges en alcantara et cuir, les longues portées et les disques percés avec étriers noirs. Un modèle entretenu correctement est un excellent choix. La décote étant passée, les Elise S2 restent stables. N'hésitez pas à négocier le prix si le joint de culasse est vieillissant et/ou non renforcé. Véritable ôde au plaisir, l'Elise S2 est indéniablement l'une des sportives accessibles les plus plaisantes du marché. Bon plan : si la conduite à droite ne vous rébute pas, les modèles RHD sont affichés à des tarifs moindres.
 

Référence article : AA96 • Version 3.2